Hier, dans un article signé par Nadjia Bouaricha sur le quotidien El Watan, le jeune vice-ministre nous disait que la situation des agences de voyages du grand Sud est un croquemitaine et ajoute que les histoires de reprise, de chômage, de produits touristiques et de touristes sont finalement des contes bleus. Vous savez chers amis que dans le Hoggar comme dans le Tassili, les agences qu’on veut fermer pour obéir à l’inexorable diktat de la "sécurité… ?" Qui n’existe que dans l’imaginaire. Je comprends qu’il suffirait qu’un client tombe dans les mains de preneurs d’otage pour que le vice-ministre, le wali de la région et le patron de l’agence réceptrice saute. Alors pour se protéger, tous les officiels, à l’exception du chef de l’agence réceptrice, préfèrent mettre au chômage mille personnes que de courir le risque d’un rapt.

Vous avez bien lu ? Les maîtres font ce qu’ils veulent ? On le savait… Ce qui est nouveau ici, c’est la sereine désinvolture dans la continuation du mensonge. Leur parfaite certitude qu’on peut nous raconter n’importe quoi… La preuve par neuf de leur mépris.

Il en découle, hélas, un triste constat à faire : c’est une coquetterie, désormais de penser et réfléchir ou d’essayer de trouver avec les seigneurs du désert une solution. Des solutions, il en existe, mais… Pourquoi réfléchir puisqu’il est devenu impossible de démêler le vrai du faux dans le fatras de renseignements que diffusent les walis et les spécialistes de la brosse au ministère du Tourisme ? Comment réfléchir sur le chômage des gents du Hoggar ? Du travail il existe plein, et franchement beaucoup a faire pour peu que les "camarades" fonctionnaires endormis au chaud voudraient bien se réveiller un instant et ce mettre à table. Mais quand les chiffres et les faits mêmes sont sujets à caution et que la définition des termes est élastique, vous avez compris…

Comment conclure un partenariat avec Air Algérie et agir en concert avec les agences du Nord, quand les rapports économiques parlant de climat touristique inquiétant, de ressources humaines incompétentes, de réserves naturelles spoliées et ceux qu’on a crus rigoureux ne sont plus paroles d’Évangile, mais font partie de la manipulation et sont en tablette dans la section fiction. Comment savoir ce qui se passe vraiment, aujourd’hui à travers toutes les agences officielles et celles qui opèrent clandestinement, entre celles qui peuvent aider aussi et celles qui ramassent beaucoup de fric dans l’Out Going, grandement insensibles aux problèmes de l’Algérie authentique ?

Passionnant de réfléchir, mais une délectation bien morose. Car à quoi accrocher une recherche pour le vrai ou un effort pour le bien, quand toute la structure du tourisme, sa gouvernance en tête, est devenue un tissu dense d’arnaques et de complots dont il faut jurer qu’on ne les voit pas si on veut qu’elle nourrisse ? Il est évident et sans appel que ceux qui nous gouvernent nous prennent pour des cons, et je n’aimerais pas ce matin devoir faire la preuve qu’ils n’ont pas raison.

Fayçal Maarfia