Algérie : ouverture "progressive" de l'audiovisuel au privé en 2013 ?

Les paraboles qui ornent les immeubles est une preuve que les Algériens regardent ailleurs.
Les paraboles qui ornent les immeubles est une preuve que les Algériens regardent ailleurs.

La loi sur l'audiovisuel en Algérie, ouvert au privé, sera examinée durant le premier semestre 2013, a déclaré le ministre algérien de la Communication Mohamed Saïd, cité par la presse dimanche.

Le projet de loi sur l'audiovisuel sera soumis aux députés pour adoption durant le premier semestre 2013 et permettra une utilisation de la retransmission satellite garantissant la liberté et la démocratie, a ajouté le ministre, à l'occasion d'un séminaire sur l'audiovisuel. Selon lui, l'ouverture de l'audiovisuel au privé comme service public passe par "une mise en oeuvre progressive conformément à des règles éthiques et professionnelles pour permettre l'émergence d'une presse de haut niveau". 

Le ministre a estimé qu'il "est dans l'intérêt de l'Algérie d'ouvrir progressivement le champ devant les chaînes privées initiées par des professionnels algériens". L'obejctif de cette ouverture homéopathique est d'éviter, selon le ministre, aux "téléspectateurs de regarder des chaînes étrangères émettant des idées et des idéologies loin de notre réalité et de nos aspirations". Mais la réalité est là, le gouvernement est très en retard sur ce plan s'il veut dresser un mur contre "l'invasion" des chaînes étrangères. Car celles-ci ont gagné les foyers algériens depuis plus d'une vingtaine d'années. Et la médiocrité proverbiale de l'ENTV a été un formidable repoussoir devant les programmes nationaux. Devant la privatisation des médias publics par le pouvoir et l'empêchement de toute expression démocratique dans les chaînes publiques, l'Algérien a compris que s'il veut entendre autre chose que les propos laudateurs du programme du président doit zapper sur les chaînes étrangères. L'enjeu se situe ailleurs : dans l'offre et la production de programmes de qualité, dans une information objective, avec des journaux télévisées qui parlent plutôt des problèmes que rencontrent les citoyens chaque jour en lieu et place de ces reportages soporiphiques, qui se résument à louer les actions du gouvernement, ignorant la vie des Algériens, que nous sert l'Unique depuis des décennies. 

"L'ouverture de ce secteur n'a pas été imposée pas le contexte politique actuel", a affirmé dimanche à la radio algérienne le directeur de l'audiovisuel au ministère de la Communication, Badreddine Mili, faisant allusion au printemps arabe. M. Mili a rappelé que l'Algérie avait connu, dans les années 90, une tentative "ratée" d'ouverture dans le secteur de l'audiovisuel et a plaidé pour un aide publique au profit des secteurs public et privé. 

La nouvelle loi mettra fin à un monopole de l'Etat de près de 50 ans sur l'audiovisuel. Il existe actuellement en Algérie cinq chaînes de télévision, cinq radios nationales et 47 radios locales, toutes publiques. Depuis plusieurs mois, cinq chaînes de télévision privées algériennes "tolérées" diffusent leurs programmes à partir de l'étranger mais ont des studios et des équipes en Algérie. La question est : le pouvoir laissera-t-il une chaîne télévisée échapper à son contrôle ? Eu égard aux pratiques politiques du système actuel, il est difficile de répondre par l'affirmative. 

La réforme des médias a été promise l'an dernier par le président Abdelaziz Bouteflika en réponse à une vague de contestation en Algérie et au printemps arabe. Mais la rédaction de ce projet de loi a pris du retard, le président préférant jouer comme toujours sur la montre pour repousser le plus tard possible cette ouverture tant redoutée. 

Yacine K./AFP

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