Premières leçons des élections locales : une participation mitigée
Pour les résultats des élections législatives du 10 mai 21012, avalisés par le Conseil constitutionnel le 24 mai 2012, le nombre d’électeurs inscrits a été de 21.645.841.
Le nombre de votants de 9.339.026, et avec le nombre de suffrages exprimés une participation officielle de 43,14 % avec un nombre de bulletins nuls de 1.704.047. Pour les résultats provisoires des élections locales - APC et APW - du 29 novembre 2012 nous avons pour un total d’inscrits de 21.445.621 donc moins d’inscrits que pour les législatives. Cependant, pour l’Office national des statistiques (ONS), dans sa note du 22 mai 2012 le nombre d’Algériens en janvier 2012 est de 37,1 millions et le nombre d’adultes en Algérie donne environ 23 373 000 de potentiels votants, ce chiffre ayant en principe augmenté entre janvier et novembre 2012. Donc en référence aux élections locales de 2012 près de 2 millions de ne sont pas inscrits. Analysons les résultats des élections législatives du 10 mai 2012 et ceux de sélections locales du 29 novembre 2012 en référence au ratio le plus significatif qui est le nombre de voix obtenus par rapport aux inscrits.
Rappel des résultats officiels des élections législatives du 10 mai
Ainsi, pour le FLN, le nombre de suffrages recueillis a été de 1.324.363 voix pour 208 sièges. Le ratio suffrages recueillis sur le nombre d’inscrits a été de 6,11%. Quant au RND, le nombre de suffrages recueillis a été de 524.057 voix pour un nombre de sièges de 68. Le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits de 2,42%. Pour la liste de l’Alliance Algérie verte, le nombre de suffrages recueillis a été de 475.049 voix pour un nombre de sièges obtenus de 50. Pour cette alliance composée de trois partis islamistes, le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits de 2,19%. Pour les autres partis limitrophes le Front des forces socialistes dont le nombre de suffrages recueillis a été 188.275 voix pour un nombre de sièges obtenus de 27, le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits de 0,86%. Le Parti des travailleurs a eu 26 sièges, le nombre de suffrages recueillis a été de 283.585 voix et le ratio suffrages recueillis sur nombre d’inscrits de 1,31%. Si l’on calcule le nombre de voix d’abstention (12.307.800) plus bulletins nuls, (1.704.047), plus les partis n’ayant obtenu aucun siège (1.366.656), nous aurons un total de voix de 15.378.503 voix. Sur un nombre d’inscrits de 21.645.841 donc 71,04% de la population n’est pas représentée par rapport au fichier électoral officiel.
Les résultats provisoires des élections locales du 29 novembre 2012
En attenant les recours et la proclamation officielle des résultats, nous pouvons d’ores et déjà donner les tendances lourdes. En référence au nombre d’inscrits, pour les APC nous avons le résultat suivant : 10,40% pour le FLN ; 8,39% pour le RND ; 2,44% pour le MPA ; 1,78% pour le PT ; 1,61% pour le FNA ; 1,38% pour le FFS, 1,27% pour le HMS ; 1,19% pour le parti El Moustekbel composé en majorité d’anciens cadres du parti du FLN ; 1,06% pour l’alliance verte et 0,67% pour le RCD ; les indépendants ayant obtenus 1,28%. Pour les APW, toujours par rapport aux inscrits : le FLN avec 8,32% ; le RND 5,83% ; le MPA 2,33% ; le PT 2,32% le FFS 1,84% ; le FNA 1,58% ; Alliance verte 1,25% ; El Moustekbel 1,23% et le RCD 0,7%. Ainsi, du fait du mode électoral, pour les APC, avec 2.232.114 voix pour le FLN et 1.800.926 pour le RND soit 18,79% de voix par rapport aux inscrits ont obtenu, 53% des sièges sur les 24.891 au total. Pour l’APW, ces deux partis totalisent 14,15% de voix avec 58,60% de sièges sur les 2.004 au total. Qu’en est-il du taux de participation réel de ces élections locales en prenant en compte les bulletins nuls dont les résultats provisoires donnent une moyenne APC/APW de 1 000.761. Nous arrondirons à 1.100.000 donnant un taux moyen de 5% par rapport aux inscrits. Les résultats officiels donnent un taux de participation qui a évolué ainsi : à 10h 3,08% pour les APC ; 2,96% pour les APW. Ce taux est remonté à 16h de 28,30% pour les APC et 27,47% pour les APW et à la clôture 44,26% pour les APC et 42,92% pour les APW. Ainsi les citoyens qui ne se reconnaissant pas dans ces élections locales représentent tenant compte des bulletins nuls de 61% pour les APC et 63% pour les APW. Si l’on calcule le ratio par rapport aux votants potentiels c'est-à-dire 23.400.000 nous aurons une moyenne variant entre 65/70% de citoyens qui ne font pas confiance aux représentants des différents partis, puisque la majorité des indépendants sont des transfuges de différents partis
Les six leçons à tirer ?
Premièrement. Par rapport aux législatives de mai 2012, nous avons une bonne tenue du parti du RND, une percée d’un nouveau parti le MPA et une lamination des partis dits islamiques qui représentent peu de chose. Est-ce que cela traduit la réalité sociale ? Pourtant le FLN et RND, majoritaire dans les rouages du pouvoir malgré tous leurs moyens colossaux et leurs appendices d’organisation satellites n’arrivent pas à dépasser la barre des 20% par rapport aux inscrits.
Deuxièmement. pour la première fois dans l’histoire du pays, les corps constitués et notamment l’ANP ont été pris pour cible, par certains partis et citoyens affirmant à tord ou à raison à la presse et à la télévision , information reprise par les médias internationaux, qu’ils auraient contribué au bourrage des urnes en votant plusieurs fois et regroupés. Cela est une accusation d‘une extrême gravité pour la stabilité du pays.. Afin de préserver cette institution stratégique des remous politiques, tout en reconnaissant à ses membres le droit de voter librement, il serait souhaitable une fois pour toute et surtout pour la prochaine élection présidentielle, que tous les corps constitués, en cas d’obligation de rester sur place votent individuellement par procuration légalisée.
Troisièmement. Du fait du mode de scrutin, éliminant les petits partis, il serait souhaitable une dose de proportionnel. Avec ce mode de scrutin depuis des décennies nous avons des résultats qui ne reflètent aucun changement ; ils donnent la même composante politique que les élections passées puisque le RND est un appendice du parti du FLN. Peut-on faire des réformes avec la même composante politique ?
Quatrièmement. Nous avons assisté à une campagne électorale terne avec des promesses sans lendemain sachant que l’élu local n’a aucun pouvoir de décision. Cela traduit une démobilisation importante de la population, plus accentuée pour la jeunesse traduisant le manque de confiance entre l’Etat et le citoyen. Et le grand problème est comment rétablir cette confiance d’où l’urgence de revoir globalement le fonctionnement tant du système politique et économique que le fonctionnement du système partisan devenu inefficient. En effet, un nombre considérable de formations politiques ont vu le jour, souvent sans véritable programme, ni perspectives sérieuses, se manifestant ponctuellement principalement à l’occasion de rendez-vous électoraux du fait des subventions de l’État.
Cinquièmement. Un niveau intellectuel et surtout moral de ceux qui auront à légiférer et à gérer des communes en majorité lamentable. Pourquoi pas du fait du faible niveau, stipuler un minimum de cursus universitaire ? N’est-ce pas voulu par une certaine bureaucratie centrale et locale pour préserver les intérêts de la rente ?
Sixièmement. Il s'agit de réorganiser sur des fondements démocratiques la société civile évitant l’instrumentalisation de l’administration si l’on veut mettre en place ces réseaux intermédiaires efficaces entre l’Etat et le citoyen renvoyant d’ailleurs à une réelle décentralisation sur le plan politique et à un changement de cap de la politique économique. Après ces élections (à propos combien cela a coûté ?), le citoyen et le pouvoir sont à nouveau confrontés à la dure réalité économique. Comme en témoigne le peu d’efficience de la dépense publique cause de ce retour à l’inflation qui a atteint pour la première fois depuis 10 ans le taux de 10% laminant le pouvoir d’achat de la majorité des citoyens pouvant conduire à une véritable déflagration sociale. Évitons l’euphorie : les résultats très mitigés tant des élections législatives que locales, ces dernières auraient dû mobiliser beaucoup plus de citoyens, doivent être médités avec attention.
Dr Abderrahmane Mebtoul, Professeur des Universités et expert international en management stratégique
Commentaires (6) | Réagir ?
merci
Les élections ce sont les affaires de pays démocratiques et d'état de droit et non de sultanats ou royaume à l'image de notre Bachagha Boutefeux qui veut être président à vie!cela me fait marrer de voir des écrits pour dénoncer la fraude!comme si c'est étonnant!qu'attendez vous d'un clan dont la constance est le crime depuis 1957, en éliminant le cerveau de la révolution Abane et en continuant à éliminer la crème du pays jusqu'à ce jour, afin que le clan de malheur perdure dans la gouvernance!Qu'a fait le clan d'Oujda de positif depuis 1962?Ou étiez-vous depuis 1962?n'avez vous pas cautionné toutes les dérives de cette junte en cautionnant leurs pseudo élections?et maintenant vous osez dénoncer ou plutôt faire semblant de dénoncer!allez y au diable! même nos pseudo intello sont rentrés dans les rangs, on les a soudoyés et corrompus!Ou sont nos journalistes!pour dénoncer les crimes de la salle guerre imposée par les généraux de la France au peuple algérien?pour dénoncer les crimes et les disparus de la décennie noire?ceux du printemps noirs ou les barbouzes de Boutefeux et de Zerhouni tiraient à balle explosive sur la jeunesse kabyle?Quand est ce que vous avez dénoncé l'embargo économique imposé au bastion de tous les combats démocratiques qu'est la Kabylie, avez vous dénoncé le transfert du terrorisme vers la seule région laïque du pays et hostile au clan bâtard d'Oujda depuis 1962?et la liste est trop longue!alors de grâce, cessez vos sales jeux en faisant semblant de pleurnicher, alors que vous êtes les vraies béquilles de la secte marocaine depuis 1962!taisez vous!