Syrie : des combats près de l'aéroport de Damas, l'armée perd un champ pétrolier
De violents combats ont eu lieu vendredi aux abords de l'aéroport international de Damas, une première depuis le début du conflit en Syrie où les rebelles ont porté un coup supplémentaire au régime en prenant un nouveau champ pétrolier dans l'Est.
Une source aéroportuaire et la compagnie SyrianAir ont assuré à l'AFP que le trafic aérien avait repris vendredi à Damas, le ministère de l'Information affirmant que les "forces compétentes" avaient "sécurisé" jeudi la route de l'aéroport qui s'étend sur 27 kilomètres au sud-est de Damas.
Néanmoins, un convoi de l'ONU qui quittait l'aéroport de Damas a été la cible vendredi de tirs d'origine indéterminée, pour le deuxième jour consécutif, a indiqué un porte-parole de l'ONU. Alors que les violences ont gagné en intensité et surtout atteint la capitale et sa proche banlieue, l'émissaire Lakhdar Brahimi a dit redouter que la Syrie ne devienne un "Etat en décomposition avec toutes les conséquences désastreuses pour le peuple syrien, pour la région et pour la paix et la sécurité internationales".
La Syrie coupée du monde
Sur le terrain, la plupart des régions étaient privées pour le second jour consécutif de téléphone et d'internet, militants et ONG disant craindre le pire. Les autorités syriennes ont affirmé que des "travaux de maintenance" étaient responsables de ce black-out, mais Washington a accusé le régime de Damas d'avoir coupé les communications, tandis que Paris l'appelait à les "rétablir sans délai".
Pour permettre aux internautes de transmettre des informations, alors que les autorités restreignent l'accès des médias internationaux, Google et Twitter ont activé en Syrie le "tweet voice", mis en place durant la révolution égyptienne en 2011, qui permet de tweeter via des messages vocaux sur téléphone portable.
Amnesty International a estimé que cette coupure "pourrait annoncer l'intention des autorités de dissimuler aux yeux du monde la vérité de ce qui se passe dans le pays", les militants accusant le régime de préparer un "massacre".
Vaste offensive de l'armée
De fait, l'armée a lancé une vaste offensive sur la ceinture est et sud de la capitale où les rebelles ont leurs bases arrière, les combats gagnant les abords de l'aéroport pour la première fois depuis le début en mars 2011 de la révolte populaire devenue conflit armé.
"L'armée veut prendre le contrôle du côté est de l'aéroport (la Ghouta), où se trouvent des milliers de terroristes et cela va prendre plusieurs jours", a déclaré à l'AFP une source de sécurité. Le régime assimile toujours les rebelles à des "terroristes". Les affrontements aux abords de la route de l'aéroport ont duré jusqu'à l'aube vendredi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), et les combats et bombardements se sont poursuivis toute la journée dans la Ghouta orientale, la campagne qui borde Damas, ainsi que dans le sud de la capitale.
A travers le pays, les violences ont fait vendredi au moins 81 morts, dont 54 civils, selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui a fait état de plus de 41.000 tués depuis mars 2011.
Vingt-et-un jeunes sunnites libanais et un Palestinien ont notamment péri dans une ville syrienne frontalière où ils combattaient l'armée, ont indiqué une source locale libanaise et un chef islamiste local. Dans le même temps, l'armée s'est retirée du champ pétrolier al-Omar, l'une de ses dernières positions dans l'Est proche de l'Irak, a indiqué l'OSDH. Les rebelles ont ainsi marqué plusieurs points, en prenant cette infrastructure stratégique et en étendant leur contrôle sur l'Est dont ils tiennent déjà une large zone.
Réunis à Tokyo, les 67 pays "Amis du peuple syrien" ont appelé à imposer un embargo pétrolier à Damas. Le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a réclamé pour sa part des "passages sûrs" pour les civils, affirmant que près de 250.000 déplacés avaient été enregistrés à Homs (centre). L'ONU a estimé que 700.000 réfugiés auraient fui la Syrie d'ici janvier, une augmentation spectaculaire alors que le conflit atteint "des niveaux épouvantables de brutalité".
Avec AFP
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