Algérie : "Le fugitif, les envahisseurs et l’abstention"
Quel curieux titre, n'est-ce-pas, amis lecteurs ? D’emblée, on se pose la question de savoir, quel type de rapport il puisse exister entre le fugitif, les envahisseurs et l’abstention ?
Je tâcherai de m'en expliquer, mais pour ce faire, j'en appelle déjà à la mémoire de tout un chacun, pour lui demander de se "transporter" dans les années 1980. A cette époque, souvenez-vous, l'unique chaîne de télévision algérienne diffusait une série très suivie, intitulée "le fugitif" et dont David Vincent était le héros principal. Celui-ci, victime d'un complot ourdi par des extra-terrestres, devait constamment changer de résidence pour les fuir, d'autant plus qu'il était pratiquement le seul à pouvoir les démasquer et à contrecarrer leur projet de colonisation de la terre.
Et la particularité de ces envahisseurs, ou le détail qui permettait de les reconnaitre, se situait dans "leur index coupé". Voilà donc l’explication que je devais aux lecteurs concernant le fugitif et les envahisseurs. Quant à la deuxième explication relative à l’abstention qui, selon la presse nationale, plane sur les élections à venir qui embarrassent les partis politiques, dans le sens où contrairement aux législatives, beaucoup d'entre eux peinent à susciter l’engouement des électeurs, du fait de l’indigence du discours électoral présenté et de la qualité des candidatures soumises au choix populaire.
L’abstention inévitable de mon point de vue, risque d’être exacerbée davantage, par un élément anodin de prime abord, mais qui doit être pris au sérieux dans ce qu’il peut induire comme désordre dans les rangs des électeurs. Il s’agit de l’encre indélébile, cette substance liquide, noire ou colorée, utilisée lors des législatives passées et dans laquelle nous avons tous, électeurs que nous étions, trempé "goulûment" notre index gauche. Et indélébile, elle l’était vraiment puisqu’elle a résisté aux frottements à l’eau de javel et même aux produits dissolvants les plus performants ; impossible de la détacher ou de la faire partir le lendemain du scrutin des dernières législatives, encore moins les jours qui s’en suivirent.
Bien après les élections, elle l’était encore là, présente, tenace, ancrée, incrustée, pugnace sur tous les index… nous faisant ressembler, par certains aspects aux envahisseurs sus-décrits. La comparaison s’arrête là bien sûr, parce qu’il n’est pas question pour moi de comparer les honorables électeurs aux martiens mais, avouez-le amis lecteurs, la tentation était plus forte.
Voilà donc pour l’explication concernant la métaphore utilisée dans le titre de cette contribution. Sinon, hormis les militants de partis qui avaient, lors des élections législatives, "motif à arborer leur doigt" en signe de ralliement et d’engagement, pour les primo-votants, ceux de la gente féminine notamment, le souci était réel dans le sens où, au-delà de l’esthétique ou du simple caprice, la gêne était manifeste et l’encre tellement ostentatoire.
Certaines d’entre elles ont été réduites, en dernier ressort, de masquer leur doigt de sparadrap, compte tenu de la gêne physique occasionnée mais aussi pour échapper aux quolibets des quidams dans la rue qui ne voulaient pas rater cette occasion pour mettre leur grain de sel.
Ceci a contraint certaines d’entre-elles à réfléchir sérieusement sur l’attitude à adopter aux prochaines élections. Beaucoup d’électeurs aussi, au sens civique pourtant élevé, ont affirmé d’ailleurs, qu’on ne les reprendrait pas et qu’ils seraient forcés, par devers eux et quelque part à leur corps défendant, "d’aller à la pêche" le 29 novembre prochain, c'est-à-dire : s’abstenir ! Ne s’agit-il pas là, au-delà de la cocasserie de la situation, d’un problème méritant d’être pris en charge par l’autorité publique ? Alors, et en attendant de "redécouvrir" le vote électronique, ne vaut-il pas mieux revenir à l’émargement sur la liste électorale au lieu d’enduire l’index de l’électeur, de toute encre, fut-elle sympathique ?
Et ainsi faire économiser aux collectivités locales et à l’Etat toutes dépenses superflues (encre, encriers, chiffons) si on part du principe qu’il n’y a pas de petites économies. L’autre avantage découlant de cette proposition est à rechercher en terme de "déroulé" de l’opération de vote elle-même, puisque on optant pour la simple signature de l’électeur au lieu de son empreinte on obtiendrait un gain de temps facilitant la tâche des encadreurs des bureaux de vote d’une part et d’autre part, profitable à l’électeur lui-même qui peut ainsi se libérer de son devoir électoral avec un minimum de contraintes, tout en préservant "son intégrité physique". Ceci est largement faisable d’autant plus que ni l’encre indélébile, tout comme d’ailleurs la présence d’observateurs étrangers, ne font partie du corpus électoral de notre pays. Et puis, entre-nous la pose de l’empreinte est-elle un gage fiable et suffisant à 100% ?
En conclusion, si cette proposition venait à être prise en compte, cela voudrait dire que l’abstention ne serait pas uniquement d’origine politique, mais pourrait découler d’un fait exceptionnel comme celui que je viens de décrire supra. Si cette théorie est recevable, j‘en revendique, modestement, la paternité. Néanmoins, si l’on persiste maintenant à m’enduire l’index gauche avec cette fameuse encre, je n’aurais d’autre ressource, que de lever l’index droit, préventivement, pour pronostiquer une participation, non pas de 52,53 ou 55% comme Belkhadem ou 40 à 45% comme Daho, mais une abstention majorée de 3 à 5 points au moins, de ce qui est pressenti pour le scrutin à venir.
Cherif Ali
Commentaires (1) | Réagir ?
Avec 52 listes de candidats, dans un pays ou il y a de plus en plus d’analphabètes, dont la majorité est plongée dans la misère, on se demande, on s’inquiète de l'abstention, alors que les citoyens en ont "cure" des élections bidons, ou ce qui fait courir les candidats, ce ne sont pas les préoccupations quotidiennes des Algériens, mais du salaire du président d' A P C, lequel, selon
certains, serait de l'ordre de 1. 50. 000 Da voire 1. 80. 000. Alors pour l'engouement les autorités et les
groupuscules politiques auront certainement des surprises, a moins qu'on bourre une nouvelle fois les urnes.