Sierra Leone : Ernest Koroma réélu président pour un second mandat
Réélu au premier tour, Ernest Koroma fera son second et dernier mandat. La Maison Blanche a félicité Ernest Koroma et a estimé que l'élection "démontr(ait) les progrès" démocratiques effectués par ce pays d'Afrique de l'Ouest.
"Les Sierra-Léonais ont fait entendre leur voix", a affirmé le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney dans un communiqué, ajoutant que "cette élection démontr(ait) les progrès que le Sierra Leone a effectué pour renforcer les institutions démocratiques depuis la fin de la guerre civile en 2002". En outre, les Etats-Unis "encouragent tout les parties à accepter les résultats comme représentatifs de la volonté des Sierra-Léonais, et à résoudre toutes les contestations restantes via le système judiciaire" du pays, a-t-il dit.
Le président sortant, qui a battu largement son principal adversaire, Julius Maada Bio (37,4%), a lancé un appel à l'unité nationale dans son discours d'investiture pour un second et dernier mandat de cinq ans, aux termes de la Constitution. "Le travail qui est devant nous nécessite la bonne volonté et l'énergie des membres de tous les partis politiques", a-t-il déclaré. "Nous allons nous concentrer sur la création d'emplois pour les jeunes, et sur la formation de nos jeunes pour qu'ils saisissent les formidables occasions que nous créons dans les secteurs de la construction, des mines, de l'agriculture, etc.", a annoncé le président Koroma, en s'engageant également à "poursuivre la lutte contre la corruption".
M. Koroma, 59 ans, candidat du Congrès de tout le peuple (APC), a obtenu 1.314.881 voix contre 837.517 à Juilius Maada Bio, 48 ans, candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP). Le taux de participation a été de 87,3% à cette élection présidentielle, couplée à des élections législatives, municipales et régionales. Au total 2,6 millions d'électeurs étaient appelés à voter. La Commission électorale n'a publié que le résultat de la présidentielle, sans préciser quand les résultats des autres scrutins seraient annoncés.
Ces élections étaient considérées comme déterminantes pour la consolidation de la démocratie en Sierra Leone, dix ans après la fin de la guerre civile qui, de 1991 à 2002, a fait 120.000 morts. L'opposition avait dès lundi dénoncé des fraudes, tandis que les observateurs internationaux, tout en saluant le bon déroulement des scrutins, avaient mis en garde contre de possibles violences à l'annonce des résultats.
Julius Maada Bio et son parti n'ont pas réagi dans un premier temps à l'annonce de leur défaite. "Nous espérons que les partis feront en sorte que tous leurs militants tiennent leur engagement de non-violence une fois les résultats connus, les vainqueurs comme les perdants", avait déclaré Richard Howitt, chef de la mission d'observation de l'Union européenne, forte d'une centaine de membres.
Lutte contre la pauvreté et la corruption
Le 17 novembre, les Sierra-Léonais s'étaient massivement rendus aux urnes, dans le calme. Les priorités de M. Koroma au cours des cinq années à venir seront de tenter d'endiguer une grande pauvreté et une corruption massive. Malgré un fort potentiel économique grâce à d'importantes richesses minières - diamants, bauxite, or, minerai de fer, pétrole off-shore - la Sierra Leone demeure un pays pauvre, où les revenus de ces richesses ne sont pas équitablement répartis.
Le taux de chômage chez les jeunes, majoritaires au sein d'une population de près 6 millions de personnes, varie de 60% à 65%. Le taux de mortalité maternelle et infantile reste l'un des plus élevés au monde et l'espérance de vie est de seulement 47 ans.
Ernest Koroma a su attirer de nombreux investisseurs pour reconstruire les infrastructures de base détruites (routes et réseau électrique) pendant la guerre civile, mais ce n'est pas suffisant, ont rappelé pendant la campagne ses opposants, affirmant qu'on "ne mange pas" les routes et l'électricité. Pendant son second mandat, Ernest Koroma devra aussi poursuivre et renforcer la lutte contre une corruption endémique. La Commission anti-corruption qu'il a mise en place a été accusée de ne cibler que du "menu fretin", sans s'en prendre aux hauts responsables du régime qui n'ont jamais été poursuivis. Parmi eux, le vice-président Sam Sumana, qui devrait être reconduit, est soupçonné d'être impliqué dans divers scandales.
AFP
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