Qui peut nous donner le détail précis de la progression de la population par commune, daïra et wilaya, prouver ces statisitiques qu'on sort de temps à autres ? Notamment aux échéances électorales comme à la dernière législative. Personne, sans doute. Depuis la fin des années soixante, selon les statistiques officielles et les recensements réalisés, la population algérienne a plus que doublé. Pourtant les habitants d’Alger, d’Oran, ou Constantine, des villes qu’on a vu exploser à vue d’œil sont restées curieusement stables à respectivement, trois millions, un million et huit ou neuf cents milles habitants même si le nombre de votants a vertigineusement augmenté ! Première inconséquence.

Les populations des villes moyennes, des campagnes et des wilayas des hauts-plateaux et du sud, elles, ont explosé si l'on en croit les statistiques gouvernementales alors qu’à vu d’œil on les voit diminuer, ces régions subissant un fort exode et une grande désertification. Deuxième inconséquence. Un exemple frappant : une wilaya du Nord comme Relizane, riche, agricole, comptant des milliers de villages et plusieurs grandes villes est curieusement moins peuplée (700 000 habitants environ) que M’sila (800 000 hts environ), un wilaya désertique, pauvre, avec 80% de ses terres impropres à l’activité agricole ?

Autre exemple plus frappant : Oran qui était peuplée selon le calcul effectué par le dernier recensement de 900 000 habitants se retrouve cette année avec nettement plus d’électeurs que d’habitants soit : 1 074 026 électeurs !!! N’est-ce pas là une preuve qu’il y a une manipulation géante ? Jusqu’à quel point ? Tous ces chiffres sont écrits noir sur blanc sur des pièces officielles. Toutes les preuves existent. Pourquoi médias, sénateurs et députés ne posent jamais le problème sérieusement. Pourtant il y a bien anguille sous roche.

Est-ce aussi un autre tabou ? Les initiés qui connaissent bien les composantes et les grands cadres des structures concernées par les statistiques et les recensements (Office national des statistiques et services de la planification, occultes, très centralisés) savent bien qu’elles sont truffées d’agents des Services. D’ailleurs ce sont des fonctionnaires qu’on ne change pas ou on ne mute pas aussi facilement que ceux des autres secteurs et bénéficient de certaines primes spéciales. Qui est-ce qui peut empêcher l’administration algérienne, qui trafique les résultats des élections, les chiffres du chômage et tout ce qu’elle touche (le précédent de l'explosion du nombre d'électeurs des dernières législatives en est la meilleure illustration) de falsifier ici pour des raisons de calculs politiques ou de régionalisme ? Qui peut contrôler tous ces services occultes ?

Abdelkader Benarbia