Mourir à Gaza Par Hassane Zerrouky
Pour Israël, la sécurité prime le droit surtout quand il s’agit du droit des Palestiniens. Une impunité garantie par Washington qui bloque toute résolution condamnant Israël : les gouvernements successifs qui ont dirigé ce pays croit que le langage de la force peut venir à bout d’un Hamas qu’ils ont contribué à installer en Palestine.
Un bref rappel. Quand Ronald Reagan accède à la tête des Etats-Unis, il lui fallait effacer la défaite du Vietnam et contrer le « communisme » soviétique. Dans cette perspective, le nationalisme « laïque » des pays arabes et du monde musulman était perçu comme un prolongement de l’influence soviétique au Proche et Moyen-Orient. De ce fait, l’islam politique était considéré comme l’indispensable « cordon sanitaire » à même de contrer l’ex-URSS et ses alliés.
Et c’est ainsi que fut mis en place la stratégie de la « ceinture verte », théorisée par Zbignew Brzenski, l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président Carter, pour abattre « l’empire du mal », à savoir l’URSS. En Indonésie, Washington a financé et soutenu Sarekat i-islam contre le pouvoir d’Ahmed Sokarno, l’un des fondateurs du Mouvement des non-alignés. Au Pakistan, il a soutenu Jamaat-i-islami contre Ali Bhutto ( le père de Benazir Bhutto), qui fut par la suite renversé par Zia ul Haq, allié de Washington, avant d’être pendu. Et sans oublier l’Afghanistan et un certain Ben Laden qui a été un allié, pour ne pas dire un agent américain, avant qu’il ne se retourne contre ses maîtres.
A l’instar de leur protecteur américain, Israël a fait de même notamment dans la bande de Gaza. Les services secrets israéliens ont laissé les islamistes ouvrir une université à Gaza, des comptes bancaires et, mieux, lui ont même procuré des fonds. Le but : affaiblir l’OLP et que les islamistes supplantent le FPLP de George Habache qui disposait d’une réelle assise socio-politique à Gaza. Bien sûr, comme Washington et comme tous ces régimes arabes qui ont instrumentalisé les islamistes contre la gauche et les démocrates, Israël a bien retenu la leçon. Le Hamas, devenu un acteur de premier plan, fait son jeu.
En effet, quand les accords d’Oslo sont signés entre l’OLP et le gouvernement d’Itzak Rabin, il les dénonce, et par une série d’attentats suicides, dont l’un a ciblé un café à Jérusalem fréquenté par des militants de la Paix maintenant, il entreprend de les saboter. Pis : il a permis à l’extrême-droite israélienne de revenir au pouvoir, et ce, en dépit de l’assassinat d’Itzak Rabin par un extrémiste religieux israélien. Et depuis, après son coup d’Etat contre le Fatah à Gaza, le Hamas, qui fait régner son ordre social à Gaza, n’hésitant pas à réprimer toute contestation populaire, développe une politique qui sert de prétexte au gouvernement d’Ehud Olmert afin de maintenir son occupation de la Cisjordanie, sous prétexte de « guerre contre le terrorisme ». Qui plus est, Israël maintient en prison Merwan Barghouti, le leader de l’Intifada, le seul en mesure de contrer l’influence du Hamas.
Ironie de l’histoire, ni l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas ni le Hamas ne veulent voir Merwan Barghouti libre, et encore moins Washington et les pays arabes. Les seuls à exiger sa libération ? Le mouvement la Paix maintenant, le Parti communiste israélien et les démocrates et le peuple palestiniens, plus que otages et marginalisés par le conflit actuel. En attendant, la colonisation se poursuit, les pays arabes, toujours aussi lâches, s’en remettent aux Etats-Unis pour régler le problème, des Palestiniens meurent, surtout des enfants.
H.Z
Commentaires (4) | Réagir ?
Mr Hassane Zerrouky, je vous lis avec plaisir mais vous me surprenez (et m'apprenez pour la première fois) par ce nationalisme 'laique' des pays arabes et musulmans (?) C'est une première dans un espace où le mot est synonyme de Kofr et d'athée ! S'agissant de l'analyse, bien que je sois de ceux qui ne sont pas convaincus, elle reste respectable. Uniquement. D'autres feront exactement l'inverse en faisant ressortir les incohérences du monde arabe qui ont amené à la situation actuel. Le problème palestinien est insolubles, tel qu'il est présenté. Oui c'est dommage pour les enfants et les innocents qui tombent. Et j'ose croire que même la majorité des israéliens sont contre ces massacres dont les responsabilités sont ailleurs que ds le contexte que vous nous avez présenté.
De son vivant Arafat était de plus en plus isolé. Et c'est cet isolement qu'exigeait Israel qui a aussi aidé le Hamas a prendre de l'autorité. Le sionnisme et l'islamisme mettent les deux peuples en otage. Quand un Merwan Barghouti et un démoctrate isralien seront l'autorité dans cette région il y aura la paix. C'est le rêve. Et c'est le but de ma solidarité. Pourquoi serait-il incompatible d'être solidaire des harragas, des... et des palestiniens en même temps ?