Aqmi/Mujao revendiquent l'enlèvement d'un Français au Sahel
"Les moujahidines ont un Français venant d'un pays qui veut diriger les armées contre les musulmans", déclare un islamiste.
Les jihadistes qui occupent le nord du Mali ont revendiqué mercredi 21 novembre au soir le rapt du Français, enlevé la veille dans l'ouest du Mali. Une zone où les islamistes n'interviennent généralement pas, alors qu'ils contrôlent déjà l'immense région Nord et qu'ils détiennent désormais 13 otagesde diverses nationalités, en majorité Français. Ce nouvel enlèvement porte à sept le nombre d'otages Français aux mains des islamistes armés au Mali. Six d'entre eux avaient été enlevés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) : quatre dans le nord au Niger en septembre 2010 et deux dans le nord du Mali en novembre 2011. Sans oublier les trois fonctionnaires algériens aux mains du Mujao aussi
"Les moujahidines, avec la bénédiction de Dieu, ont dans leurs mains un Français venant d'un pays qui veut diriger les armées contre les musulmans", a déclaré mercredi à l'Agence France -Presse Abdoul Hicham, membre de la direction du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) qui n'a pas dit explicitement si c'était son groupe ou ses alliés d'Aqmi qui détenait l'otage.
Gilberto Rodriguez Leal, 61 ans, né au Portugal mais de nationalité française, a été enlevé par au moins six hommes armés mardi vers 22 heures (locales et GMT, 23 heures en France) à Diéma, localité située à l'est de Kayes, ville proche des frontières avec le Sénégal et la Mauritanie, ont précise des sources sécuritaire et administrative maliennes.
Selon l'Agence mauritanienne d'information (AMI, officielle), qui a publié son identité, Gilberto Rodriguez Leal, dont la profession est inconnue, venait de Mauritanie : il avait passé la frontière entre les deux pays mardi "à 11 heures" au poste de Gogui, au nord de Diéma, à "bord d'un véhicule Peugeot", une fourgonnette immatriculée en France.
A Paris, le président français François Hollande a confirmé ce nouvel enlèvement. "Il faut tout faire pour retrouver notre ressortissant", a-t-il dit. Son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a demandé aux Français de ne pas aller dans l'ouest du Mali.
Selon la France, Gilberto Rodriguez Léal n'a pas été enlevé à Diéma, mais à Nioro, ville située un peu plus au nord, à la frontière mauritanienne. Il y a environ trois ans, un couple italo-burkinabé avait été enlevé dans cette même région par Aqmi, puis libéré après quelques mois de détention contre paiement d'une rançon, selon ces sources. Mais cette région de Kayes n'est généralement pas le théâtre d'opérations d'Aqmi qui, avec deux autres groupes islamistes armés, le Mujao et Ansar Eddine, occupent totalement le nord du Mali depuis fin juin. Depuis quelques jours, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) affronte seul ces deux organisations de narco-djihadistes.
Contrairement au Nord, vaste région aride qui occupe les deux-tiers du territoire malien, l'ouest et le sud du Mali restent sous contrôle des autorités de transition en place à Bamako depuis avril, après un coup d'Etat militaire qui, le 22 mars, avait précipité la chute du nord du Mali aux mains des islamistes. Aqmi retient en otage neuf Européens, dont six Français, enlevés en septembre 2010 et novembre 2011. Le Mujao retient de son côté au moins trois otages algériens enlevés en avril à Gao (nord-est du Mali). Gilberto Rodriguez est aux mains d'un des deux groupes.
La plupart des pays occidentaux, dont la France, ancienne puissance coloniale, déconseillent fortement à leurs ressortissants de se rendre au Mali. Tout le Nord est classé "zone rouge" - donc strictement interdite - par le ministère français des Affaires étrangères, le Sud et l'Ouest sont en "zone orange", déconseillée "sauf raison impérative".
Ce nouvel enlèvement d'un ressortissant français survient alors que Paris est en pointe dans les préparatifs d'une force armée internationale - composée de soldats africains et soutenue par les Occidentaux - devant intervenir avec l'aval de l'ONU dans le nord du Mali pour en chasser les groupes armés islamistes.
Yahya Abou El Hamame, nouveau chef d'Aqmi pour le Sahel et le Sahara, avait affirmé fin octobre qu'une telle intervention militaire signerait "l'arrêt de mort des otages français" aux mains de son groupe. François Hollande a répété une nouvelle fois mardi que la France ne céderait pas aux pressions des preneurs d'otages. "Capturer un otage c'est un moyen de faire pression", a-t-il dit, ajoutant "C'est un moyen qui d'ailleurs ne pèsera pas" sur les décisions de la France.
Avec AFP
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