Jordanie : des milliers de manifestants réclament le départ du roi
"Le peuple veut la réforme du régime. Liberté, à bas Abdallah !" ont scandé vendredi quelque 10 000 manifestants à Amman, en Jordanie. Parmi eux, des islamistes, des militants de gauche et des mouvements de jeunesse unis par une même revendication inédite : le départ du roi Abdallah II.
Du jamais vu
Dans ce pays où insulter le roi est passible de la prison, c'est la première fois que des slogans visent directement Abdallah II. Bien que régulières, les petites manifestations se contentaient jusqu'alors d'appeler à des réformes politiques et économiques. Mais la décision du gouvernementde mardi aura certainement été la goutte de trop. Le roi avait annoncé l'augmentation des prix de l'énergie afin de faire face à un déficit budgétaire de 5 milliards de dollars. Le gaz domestique devrait connaître une hausse de 53%, contre 12% pour l'essence. «Le nombre de ceux qui réclament la chute du régime est en train d'augmenter à cause des politiques erronées qui ne tiennent pas compte des exigences du peuple», s'est énervé Zaki Bani Rsheid, un dirigeant des Frères musulmans jordaniens, principale force de l'opposition.
«Un mal nécessaire»
C'est le troisième jour de rassemblements populaires dans le pays. Vendredi, la police a réussi à empêcher les manifestants de prendre la direction du palais du roi, situé à environ 8 km du lieu du défilé de protestation, sans que cela n'entraîne de heurts. A Baqaa, le plus grand camp de réfugiés palestiniens du pays, 2 000 personnes ont manifesté. Plusieurs centaines d'entre elles ont lancé des pierres en direction de la police et tenté de bloquer la route principale. La police a alors usé de gaz lacrymogènes pour les disperser. Des manifestations similaires mais de moindre ampleur ont aussi eu lieu à Tafileh, Kerak et Maan (sud) ainsi qu'à Irbid et Jerash (nord).
Un mort dans les manifestations
Un nouveau rassemblement près du ministère de l'Intérieur a tourné court vendredi soir. Les manifestants n'étaient qu'une centaine, face à 2 000 policiers anti-émeutes interdisant l'accès à la zone et à 200 loyalistes qui ont fait fuir les opposants. La journée s'est donc terminée dans un calme relatif, comparé aux manifestations des deux derniers jours qui avaient dégénérées. Selon la police, les violences avaient fait un mort et 71 blessés, dont 54 policiers. Au total, plus de 150 personnes ont été arrêtées ces deux derniers jours dont 30 ont été remises en liberté vendredi, a-t-on ajouté.
Le roi soutenu par les Etats-Unis
Cette poussée de fièvre serait-elle la cause de l'annulation, annoncée vendredi, de la visite du roi à Londres la semaine prochaine ? Celui-ci semble en tout cas avoir le soutien des Etats-Unis, puisque le palais a annoncé qu'il avait reçu un appel de la secrétaire d'Etat américaine : "Hillary Clinton a salué la feuille de route du roi pour les réformes politiques ainsi que les efforts de réforme économique menés par le gouvernement", a déclaré un porte-parole. Pour Mme Clinton, ces réformes constitueraient «un mal nécessaire».
Avec leparisien
Commentaires (0) | Réagir ?