Quel sort réserve Bouteflika aux requêtes citoyennes ?
Comment sont traitées les requêtes adressées à Bouteflika ? A titre d’exemple, quand de Gaulle était président en France, un service (Le plus étoffé de tous les services de la présidence, le plus important et le plus sensible aussi) placé sous l’autorité directe du secrétaire général de la présidence centralisait tout ce courrier, le lisait et y répondait.
Tous les correspondants sans exception recevaient une réponse. Sans faute. Les missives les plus intéressantes étaient soumises à la lecture du président en personne qui pouvait y répondre en personne en y apposant sa signature ou donner des instructions en ce sens. En plus, tout courrier adressé par les citoyens à la présidence française était dispensé d’affranchissement. Aujourd’hui ça continue. Dans tous les pays du monde ce service est important. C’est presque un thermomètre de la situation politique du pays. Tous les présidents de tous les pays s’y intéressent. Que se passe-t-il chez nous ?
Au temps de fakhamatouhou tabe jnanou, Là on tombe dans l’irréalité. Dans le mépris intégral. La folie. Tout d’abord, aucun service ne s’occupe directement de cette tâche ingrate : cette tâche qui ne recèle aucun intérêt, qui ne permet pas de voyager gratis dans le monde et où il n’y a rien à boire, à manger et à gratter (ce sport devenu national depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir) n’intéresse personne. Et puis, répondre à ces lettres qui contiennent chacune une souffrance qu’y-a-t-il à y gagner ? Donc, il n’y a pas de service qui s’occupe de ça mais si, mais si, il y a quelqu’un ! A titre subsidiaire. Quand il est libre. Un de ces dizaines de photographes vieillissants et influents de la présidence que les caméras nous montrent parfois courir comme des dératés autour du grand chef, pour le prendre en photo sous toutes les coutures, pourquoi ? Dieu seul le sait ! Et qui passent le reste de leur temps à se tourner les pouces en attendant une tournée d’inspection et de travail pour aller s’empiffrer ou faire leur cinéma. On n'a pas choisi n’importe qui ? Un presque analphabète, un poulpe, un malin qui est à la place depuis l’indépendance, un reitre.
Bref. Mais que fait-il de ces montagnes de requêtes qui atterrissent tous les jours à El Mouradia. Il les brûle ? Non la fumée risque de gêner les odorats sensibles ! Il les stocke dans un bureau en sous-sol. Aucune n’est ouverte, enregistrée et lue par personne (Je mets au défi les bureaucrates occultes de la présidence d’exhiber un seul registre arrivée ou départ !). Celles qui échappent au sort de servir de torchon pour s’essuyer les chaussures, ou autre chose, ou de sous-tasse de café (ça ingurgite des tonnes par jour !) sont réparties dans des dizaines de cartons. Quarante-huit cartons exactement. Numérotés de 1 à 48.
Quand il a du temps libre, rien à croquer quelque part, après vérification du cachet de la poste, la plupart ne sont même pas ouvertes, le reitre les répartit en jurant par wilaya d’arrivée. Chacune est stockée dans les cartons numérotés de 1 à 48 en fonction de sa wilaya d’arrivée. Une requête venant d’Alger est stockée dans le carton n° 16, Béchar c'est dans le 08 etc. et ainsi de suite. Quand un carton est plein, le reitre appelle au moyen de la ligne de souveraineté le wali concerné pour envoyer un chauffeur prendre son carton et en faire ce qu’il voudra ! Donc retour à l’envoyeur. Les walis malins et roublards les répercutent eux aussi vers les communes de départ donc retour à l’envoyeur. La présidence de la république, ce grand service public, le plus grand, la maison de tous les Algériens, s’est transformé depuis l’arrivée de l’inénarrable fakhamatouhou tabe jnanou en lieu d’esbroufe, d’arnaque et de mépris.
Je lance un appel aux citoyens, arrêtez bonnes gens, arrêtez s’il vous plaît, n’écrivez plus, ne perdez plus votre temps, votre argent, personne ne va lire vos lettres. Comme l’office de répression de la corruption, la présidence de la République est aujourd’hui une fausse adresse.
Farouk Degias
Commentaires (4) | Réagir ?
qui continue à le croire ?
Je suis d'accord avec vous Monsieur Farouk Degias.