France : la prestation de Hollande plutôt réussie
Satisfait de la prestation de François Hollande, où la presse voyait mercredi une opération séduction plutôt réussie, l'entourage du président de la République ne se berce toutefois pas d'illusions quant à une reconquête rapide de l'opinion.
"La droite est trop radicalisée pour espérer regagner rapidement du terrain auprès de ses électeurs", estimait un proche conseiller du président après ce rendez-vous fleuve de près de 2 heures et demie, mardi, avec 400 journalistes. L'électorat français étant grosso modo partagé en deux, l'Elysée ne s'attend pas à ce que la cote de popularité du président repasse rapidement la barre des 50%. Elle "est directement indexée sur le chômage et la situation économique", souligne encore l'entourage qui juge toutefois que le chef de l'Etat a posé des jalons pour l'avenir en faisant preuve "de fermeté, d'autorité et de précision". Selon un sondage Ifop réalisé avant la conférence de presse, François Hollande a encore perdu quatre points, à 49% de bonnes opinions. Selon, une enquête OpinionWay publiée mardi également, la part des mécontents progresse de neuf points, pour atteindre 58%.
M. Hollande lui-même a pris soin, lors de sa conférence de presse, de souligner qu'il n'avait pas les yeux rivés sur les sondages. "La seule question qui vaille à mes yeux, la seule, ce n'est pas l'état de l'opinion, c'est l'état de la France dans cinq ans", a-t-il affirmé. La majorité aura toutefois à affronter d'ici-là une série de scrutins importants avec, en 2014, des élections européennes et municipales et, probablement en 2015, les régionales et les cantonales.
Parisot satisfaite
Si la prestation du chef de l'Etat, qui a assumé des choix économiques guère goûtés à gauche, a pu satisfaire une partie du centre et des milieux patronaux, elle a un peu plus éloigné l'aile gauche de la majorité qui y a vu un "virage vers la rigueur". François Bayrou, le président du MoDem, a jugé François Hollande "convaincant", louant un président "à la hauteur de sa fonction". "La politique de l'offre" qui mobilise l'action gouvernementale vers le soutien aux entreprises me réjouit", a-t-il dit.
Au centre toujours, le président de l'UDI, Jean-Louis Borloo, s'est montré en revanche beaucoup moins enthousiaste, pointant un "revirement total sur la TVA". Par la voix de Jean-Luc Mélenchon, la gauche de la gauche a dénoncé un "exercice de renoncement, avec le sourire". "Terminé l'objectif d'en finir avec le chômage par la progression de l'activité", "terminée l'idée de modifier le cours de la politique européenne en affrontant les politiques d'austérité: il les accompagne", a-t-il fustigé.
Dès mardi soir l'UMP avait très sévèrement jugé l'exercice présidentiel. Mais du côté du patronat, Laurence Parisot a salué une "conférence de presse marquée du sceau du principe de réalité" avec un président qui, tout comme le Medef qu'elle préside, "constate lui-même que la situation de l'économie est grave".
La presse, elle, a dans l'ensemble salué une opération séduction plutôt réussie. Libération a vu un président "dans son costume" s'exprimant "avec une aisance, une autorité et une solennité qui ne juraient pas avec l'esprit de la Ve République". Pour les Echos, "sur la forme, le chef de l'Etat s'est montré solide" même si "en matière économique, les choses sont moins nettes".
A l'issue de la conférence de presse, l'entourage du président a confirmé l'objectif de réduire de 60 milliards d'euros les dépenses publiques au cours du quinquennat mais repoussé à plus tard l'annonce des coupes claires qui devront être effectuées. Il faudra auparavant "regarder quelles économies peuvent être réalisées dans les trois blocs" de dépenses que sont l'Etat, la Sécurité sociale et les collectivités locales, a-t-il argué.
AFP
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