Appel du MNLA à la communauté internationale
Le Conseil transitoire de l'Etat de l'Azawad a rendu publique cette lettre envoyée au SG de l'Onu, au président de la CUE, la présidente de l'UA et au président de la Cédéao.
Lettre ouverte :
à Monsieur le Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies (ONU), New York (USA), à Monsieur le Président de la Commission de l'Union Européenne (UE), Bruxelles (Belgique), à Madame la Présidente de la Commission de l'Union Africaine (UA), Addis Abeba (Éthiopie), à Monsieur le Président de la Commission de la Communauté Économique Des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Abidjan, (Côte d'Ivoire).
Vos Excellences,
Permettez-nous, de vous rappeler toute la complexité de la question de l’Azawad et des implications d’une intervention militaire dans cette région. Ni le problème, ni le milieu humain, culturel et même géographique, ni les acteurs locaux et sous régionaux, ne sont pareils à nuls autres. L’Azawad, qui est malheureusement et malgré lui, l’épicentre de la crise sahélienne, n’est ni la Somalie, ni l’Afghanistan, en dépit de certaines comparaisons avancées dans les multiples déclarations qui fusent dans la presse. Les paradigmes sont différents, par conséquent, les méthodes et les approches devraient l’être aussi.
Excellences, le conflit qui oppose l’Azawad au Mali remonte à plus d’un demi siècle, après le départ du dernier soldat français du territoire de l’ex-Soudan Français. La nature du conflit demeure fondamentalement politique. Son socle identitaire et culturel était connu bien avant l’indépendance du Soudan Français. Il est régulièrement rappelé par les soulèvements périodiques de notre peuple depuis l’invasion française et contre l’occupation malienne, dont le dernier en date remonte à janvier 2012.
Nous considérons que la question constitue un cas de décolonisation inachevée du fait de la seule volonté de la France coloniale. Ce soulèvement porté par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) a réussi à bouter hors de notre territoire l’armée et les symboles de l’État malien dès le 1er avril 2012, avant de proclamer unilatéralement la cessation des opérations militaires le 5 avril, et déclarer l’État indépendant de l’Azawad, le 6 avril. Les groupes de narco-terroristes qui occupent aujourd’hui les grands centres urbains de l’Azawad en y semant la terreur s’y sont implantés profitant de l’attitude complaisante de l’État malien et de la complicité active de certains dirigeants qui ont favorisé leur prolifération.
Bénéficiant des soutiens extérieurs dont ceux d’États, ces groupes tentent à présent de spolier les acquis de la libération de notre territoire d’où ils espèrent se fortifier et porter la menace terroriste jusqu’en Occident. Au-delà de ce sombre tableau, le MNLA, composé de personnes issues de toutes les communautés de l'Azawad (Songhaïs, Peulhs, Maures, Touaregs...), comme le prouve nos démarches, a toujours privilégié le dialogue et la négociation pour résoudre ce conflit. Malheureusement, le silence et le mépris des régimes maliens à nos offres répétées de dialogue nous ont, à chaque fois, contraints au choix détestable de la guerre que nous impose en permanence l'attitude de l'État malien.
Nous avons souscrit à toutes les initiatives de médiation d’où qu’elles viennent. Nous avons accepté dans l’intérêt supérieur de notre peuple d’envisager toutes les options acceptables de sortie de crise et de règlement définitif du conflit dans la perspective d’une paix durable pour notre peuple, les États voisins et la sous-région. La communauté internationale, plus préoccupée par notre déclaration d’indépendance comme fait constitutif d’atteinte à l’intégrité territoriale de l’État du Mali, nous a mis en quarantaine et a assisté sans rien faire à l’émergence sur notre territoire de forces obscurantistes qui s’y sont installées depuis plus d’une décennie avec la complicité et l’appui avéré de l’État malien.
Le MNLA n’a aucune affiliation, ni avec des groupes extrémistes, ni avec des bandes de narcotrafiquants, et encore moins avec des nébuleuses terroristes. Le temps et les événements l’ont suffisamment démontré. Toute confusion allant dans ce sens ne saurait relever que de la mauvaise foi. La maturité politique du MNLA, qui n’est plus à démontrer, représente un gage pour la paix et la stabilité dans l’Azawad, les États voisins, la sous région et la communauté internationale, ainsi qu’un levier déterminant pour éradiquer la menace narco-terroriste et extrémiste. Avec un sens élevé de nos responsabilités, nous avons en permanence affirmé et réitéré notre engagement, y compris au prix du sacrifice ultime, à contribuer à la lutte anti terroriste dans le cadre d’une plateforme internationale.
Mieux, nous avions sollicité de la communauté internationale de nous garantir la neutralisation des interférences politiques extérieures néfastes, à charge pour nous d’éradiquer la menace terroriste dont, in fine, nous sommes les premières victimes. Enfin, nous avons consigné notre philosophie, notre vision sur la base des aspirations de notre peuple, dans une plateforme politique, qui porte des engagements fermes pour nous-mêmes, les nations voisines, la sous région et la communauté internationale.
Le MNLA reste convaincu que :
- sans une reconsidération de la position de la communauté internationale concernant le MNLA, aucune solution fiable ne saurait prendre place. Toute intervention militaire sous régionale ou internationale qui ne s’appuierait pas sur le MNLA est vouée à l’échec, quels que soient par ailleurs les moyens humains, techniques et financiers déployés.
La raison en est que le MNLA, dont l’armée a chassé celle du Mali en quelques jours, est toujours sur le territoire de l’Azawad. Du reste, aucun pays voisin ne peut attester d’avoir vu nos forces franchir sa frontière. Le MNLA maîtrise parfaitement bien les réalités sociologiques et les règles de la guerre en zone désertique, tout en jouissant d’une bonne connaissance du terrain et du soutien des populations. En outre, le MNLA peut éviter les dégâts collatéraux, ce qui n’est pas le cas de l’armée Malienne et celle de la CEDEAO.
Ce n’est pas tant que nous cherchions à y être associés, mais c’est tout simplement la voie de l’objectivité, de la logique, du réalisme et de l’efficacité que de nous intégrer dans le dispositif de sécurisation de l’Azawad. Tout cadre qui n’associerait pas le MNLA ne ferait qu’amplifier le chaos et généraliser le danger à toute la sous région. Nous offrons, compte tenu de ce qui précède, de régler le problème politique MNLA–Mali, et de confier à notre Armée le soin de bouter dehors les narco-terroristes. C’est la seule solution réaliste, peu coûteuse sur les plans humain et matériel. Sinon, cette intervention engendrera un immense chaos humanitaire et n’aura aucune chance d’atteindre les objectifs politiques et militaire visés.
Nous vous rappelons que les pays fournisseurs des contingents militaires de la CEDEAO (Mali, Burkina Faso, Niger), Algérie, ont toujours bénéficié de l’assistance de la communauté internationale pour la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue sans succès.
Le scénario idéal reste, cependant, celui qui consiste à parvenir à la stabilisation du pouvoir à Bamako afin de créer les conditions minimales d’une négociation entre le Mali et le MNLA et, in fine, d’aboutir à un accord de paix sur la base duquel sera défini rapidement le schéma de l’éradication de la menace narco-terroriste.
Par ailleurs, nous attirons votre attention, sur la question humanitaire qui apparaît inquiétante. La situation dans les camps des réfugiés et l’état des populations déplacées deviennent de plus en plus préoccupants, face à la démobilisation de la communauté internationale, plus sensible à l’ampleur de la crise syrienne qu’au drame qui se joue dans le sahel.
De nombreuses personnes, dont des milliers de femmes et d’enfants, errent dans les camps de réfugiés sans aucun espoir. Dans les centres urbains sous la coupe des groupes narco-terroristes, les jeunes sont embrigadés, les femmes terrorisées.
Le MNLA réitère toute sa confiance à vos Excellences et vous assure de tout son soutien dans la réalisation de votre mission, tant est qu’elle tend à la recherche d’une solution définitive et durable du conflit. Tout en réitérant notre ferme engagement à vous appuyer dans votre tâche, nous prions vos Excellences d’agréer l’expression de notre très haute considération.
Fait le 9 novembre 2012
Pour le Conseil Transitoire de l’État de l’Azawad, Hamma Ag Mahmoud, Chargé des Relations Extérieures et de la Coopération Internationale et Moussa Ag Assarid, Chargé de la Communication et de l'Information
Commentaires (2) | Réagir ?
MERCI
L'on ne doit pas étouffer la naissance du premier état Amazigh d'Afrique du Nord qui sort enfin d'un colonislisme.... Vivement le MAK.... puis la fédération des CHAOUIAS puis celle du MZAB puis celle des TOUAREGS, des Chleuhs, et tout ce patchwork fera Tamazgha terre de liberté multiculturelle et multicultuelle. Ce sera alors la fin de l'Arabo islamisme et tous ces mafieux seront " heng em high "