En recevant Ansar Eddine, groupe terroriste armé qui n'a jamais démenti son appartenance à Al Qaïda au Maghreb islamique comme cellule-mère, à l'heure d'une intervention militaire au Nord-Mali, Bouteflika cautionne l'application de la chari'a au nom de laquelle ce groupe composé de Touaregs-terroristes locaux, sème la terreur parmi les populations par le châtiment des amputations, flagellations, lapidations. Ansar Eddine dont une délégation a foulé pour la deuxième fois le sol algérien et franchi sur le tapis rouge les portes grandes ouvertes d'El Mouradia, fermées et barricadées pour les démocrates algériens, militants des droits de l'homme, gardes-communaux, et autres représentants de la société civile, l'hôte élu de Bouteflika, se fait fort d'être le représentant de l'application de la chari'a à Tombouctou et pourquoi pas à Alger, sous la bénédiction du concepteur d'un de ses premiers jalons, la "Charte pour la paix et la réconciliation nationale".

Mais, pis que cela, ce bras d'honneur fait pour la résistance antiterroriste déjà dynamitée par l'amnistie générale qui a désarmé les Patriotes, réprimé les gardes communaux et coupé le combat de contingents entiers de l'ANP contre les maquis d'Al Qaïda au Maghreb islamique de tout projet politique républicain que suppose une telle lutte contre l'islamisme politique et ses bras armés.

Le même bras d'honneur de Longuet est d'autant plus grave qu'il met en péril les derniers périmètres de l'Etat algérien démocratique et populaire. Car, au moment même où l'ANP est sur le qui-vive aux frontières sud, transformées en passoire par les groupes "islamo-gangstéristes" d'Al Qaïda au Maghreb islamique dirigée par les "émirs" qui lui ont fait un bras d'honneur à l'endroit de ses appels à la reddition assortie d'une amnistie générale, Abdelaziz Bouteflika entame une deuxième consultation-dialogue avec un groupe terroriste d'Al Qaïda au Maghreb islamique qui tue chaque jour de jeunes soldats algériens dans différentes régions du pays au nom de la même charria dont Ansar Eddine s'est fait le champion de la macabre application à Tombouctou, détruisant stèles, amputant, flagellant, dilapidant, assassinant hommes, femmes et enfants, dans l'impunité.

C'est un bras d'honneur bouteflikien qui insulte tous les sacrifices des jeunes appelés ou engagés de l'ANP, les 200.000 morts d'une décennie noire toujours ouverte et à tous les intellectuels assassinés pour avoir révélé l'ampleur du complot et le dessein funeste de l'islamisme politique, des gages qui lui ont été faits par les pouvoirs successifs depuis 1988.

Bouteflika s'agenouille une enième fois devant un groupe terroriste d'Al Qaïda au Maghreb islamique dans le vain espoir de laisser à la postérité l'image de l'homme providentiel, le messie "moul essaâ" sous la bénédiction de la charria d'Ansar Eddine.

Il n'est sûrement pas dans l'intention d'Abdelaziz Bouteflika de libérer le Nord-Mali du joug colonial d'Al Qaïda au Maghreb islamique. Ce qu'il n'a pas fait et n'a pas voulu faire en Algérie, pourquoi irait-il combattre ses "émirs" au Nord-Mali? Le vrai dessein de ce bras d'honneur qui n'est pas le premier du genre depuis 1999, est de proclamer, avant 2014, la chari'a comme l'apothéose de la destruction de l'Algérie générée par son règne.
Ansar Eddine le sait et le prend, en fait, comme otage du dialogue.

R.N