France : un imam tunisien, Mohamed Hammami accusé d'antisémitisme, expulsé
Les autorités françaises ont expulsé mercredi un imam tunisien vivant de longue date en France et accusé de prôner le "jihad violent", la violence contre les femmes et l'antisémitisme.
Mohamed Hammami, 77 ans, était le responsable religieux de la Mosquée Omar, dans le centre de Paris. "Lors de ses prêches", indique le ministère français de l'Intérieur, l'imam "a tenu des propos ouvertement hostiles envers les valeurs de la République". "Il a valorisé le djihad violent, proféré des propos antisémites et justifié le recours à la violence et aux châtiments corporels contre les femmes", accuse le ministère.
Son expulsion a été confirmé par son fils, Hamadi Hammami. "Je crois qu'il a été arrêté par la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, le contre-terrorisme), dans la rue, aujourd'hui à Savigny-le-Temple (banlieue de Paris) où il habite", avant d'être conduit à l'aéroport, a déclaré à l'AFP le fils du religieux. "Je suis très inquiet car mon père est cardiaque (...) et ma mère, qui est handicapée à 80%, se retrouve toute seule", a-t-il souligné.
"Nous avons décidé d'être intransigeants à l'égard de tous ceux qui profèrent des discours de haine à l'égard de la République et de nos valeurs et de procéder à l'expulsion de responsables, de militants religieux qui prônent un islam radical", a commenté le ministre de l'Intérieur Manuel Valls à la presse.
L'avocat de l'imam, Me Salah Djemai, a qualifié cette mesure d'expulsion de "procès médiéval". "Par une motivation à l'accent populiste et stéréotypée amplifiant les propos franchement nauséabonds de son prédécesseur, le nouveau ministre de l'Intérieur se défoule contre un vieillard finissant, n'ayant plus aucune attache avec son pays d'origine", a-t-il dit dans un communiqué. A la sortie de la mosquée Omar, mercredi après la prière, les fidèles tombaient des nues: "On l'avait vu vendredi dernier pour la fête de l'Aïd, c'est lui qui avait guidé la prière", s'étonnait l'un d'eux. "Il n'a rien à voir avec le monstre qu'on décrit", s'exclame un autre.
Mohammed Hammami, qui a cinq enfants et 19 petits-enfants, avait été accusé en janvier par l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant d'avoir tenu "des propos violemment antisémites" et d'avoir appelé "à fouetter, "à mort", la femme adultère". Agé et peinant à se mouvoir, M. Hammami avait contesté la totalité des accusations. Il appartenait à l'association Foi et Pratique, qui se réclame de la mouvance rigoriste tabligh, et officiait régulièrement à la mosquée Omar. L'association Foi et Pratique qui, de source ministérielle, rassemble quelque 2 à 3.000 pratiquants, connaît de sérieuses difficultés de trésorerie, depuis que ses comptes sont bloqués. Elle constitue la branche minoritaire du Tabligh, mouvement piétiste de prédication et d'éducation religieuse, qui compte entre 50 et 100 lieux de culte en France, et dont le centre principal est installé en Inde, près de Lahore, à la frontière avec le Pakistan.
L'imam tunisien avait été hospitalisé début février et le 5 mai, ses avoirs avaient été gelés par le ministère de l'Economie, ainsi que ceux de son épouse. Le 15 mai, la commission d'expulsion, dont l'avis n'est que consultatif, avait rendu un avis défavorable à l'expulsion de l'imam, estimant que son "expulsion porterait atteinte à sa vie familiale"
Depuis le début de l'année, il a été contrôlé à sept reprises aux frontières et était rentré lundi de Casablanca, au Maroc, selon une source proche du dossier. Fin mars, la France avait fermé ses portes à plusieurs prédicateurs "extrémistes" invités à un rassemblement en région parisienne: l'influent Cheikh sunnite qatari Youssef Qaradaoui, le Palestinien Akrima Sabri, les Saoudiens Ayed Bin Abdallah Al Qarni et Abdallah Basfar, et l'Egyptien Safwat Al Hijazi.
AFP
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