Algérie : ministres d’aujourd’hui et ministres d’antan

Bouteflika et Sellal se font une partie de baby-foot.
Bouteflika et Sellal se font une partie de baby-foot.

En général, les Algériens ne voient leurs ministres travailler qu’assis en face d’un parterre fourni de collaborateurs qui la jouent attentifs et de journalistes faisant semblant de prendre des notes.

Un ministre debout, on ne le voit qu’à l’intérieur du pays, en face d’un chantier, glosant aux côtés d’un wali. Mais est-ce qu’ils sont vraiment debout devant ces walis surpuissants et inamovibles accrochés tous à des généraux. Comme pour les walis, pour savoir ce que valent ces ministres d‘aujourd’hui, faisons une comparaison avec ceux d’hier, pour cela avant de regarder le côté pile, examinons la face cachée. Si les walis d’aujourd’hui sont laids, courts, malades, bedonnants, lisses, chauves et vieux et obèses et méprisants comme nous l’avons vu, les ministres si ce n’est la peau parcheminée paraissent jeunes, dynamiques, moustachus, beaux parleurs presque beaux en tout cas différents mais ils donnent un peu le frisson avec leur échine arrondi, leur œil pointu, leur mâchoire de caïman et leur sourire mauvais. Observons-les donc en tournée, dans les wilayas, hors caméras, loin de la capitale quand ils se lâchent.

1ère étape. La préparation : aujourd’hui toute visite ministérielle commence par un expéditif entretien téléphonique entre les deux chefs de cabinets, celui du wali et celui du ministre. Ils fixent hâtivement une date arrangeante pour tous les deux, tracent un programme léger, la visite ne dépasse pas en général la demi-journée, les ministres ne veulent absolument pas de réunion et rester trop longtemps hors de la capitale (peur du coup d'Etat !) sinon, s’ils veulent s’attarder, c’est sûr, il y a anguille sous roche, le ministre ramène certainement quelque favori ou favorite avec lequel ou laquelle il veut passer des instants intimes. Enfin les deux responsables cabinistes s’attardent longuement sur le repas, le menu : méchoui, pas méchoui, poissons pas poissons, fruits locaux, exotiques, pas trop de sel, pas trop de matière grasse, pas trop de sucre, de piquant, si possible du bio, de l’import. Etrange moment, les walis malades, graisseux et vieillissants avalent tout sans précaution mais les ministres avec leur air jeune et paraissant bien portants font la fine bouche. Quand tout est réglé, cela dépasse rarement les dix minutes, on prévient des deux côtés l’ENTV, gare à l’oubli !

2ème étape. La visite proprement dite : aujourd’hui, le ministre arrivé sur place, tandis qu’il se repose au salon d’honneur, on convoque quelques troupes folkloriques, des comités de quartiers pour faire du bruit, provoquer un attroupement devant un ou deux chantiers ensuite on fait un saut sur place pour se faire filmer et insister auprès du réalisateur pour passer sans faute le reportage au 20 heures. Ensuite, retour à la villa d’hôte pour bâfrer et se raconter les dernières blagues salaces et discuter du prix des villas sur les hauteurs d’Alger et de l’appartement dans le XVIème tandis qu’on bourre la malle de la limousine ministérielle de cadeaux.

Avant 1999, avant Bouteflika, les visites étaient préparées pendant des mois, elles commençaient en général par l’arrivée d’une délégation ministérielle dans la wilaya pour relever tous les problèmes du secteur et en discuter longuement avec les autorités locales. Cette délégation pouvait rester des semaines sur place pour préparer dans les meilleures conditions la venue du ministre. Kasdi Merbah ministre préparait ses visites durant six mois. Le ministre sur place, la visite touchait tout le secteur, elle durait plusieurs jours et se terminait par une grande réunion avec tous les concernés qui pouvait durer une journée entière avec un relevé détaillé des décisions prises et les échéances, suivis des deux côtés, sérieusement. Sur place, pendant la visite, aucune familiarité, aucune blague salace, le patron, c’est le ministre, le wali se transforme en collaborateur respectueux.

Bounif El Habri

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Khalida targui

c'est vrai que maintenant tous s'en foutent mais pas les victimes qui souffrent, on ne sait pas ce que l'avenir nous réservera mais ça changera en bien ou en pire

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Guel Dring

C'était le temps des fleurs,

où l'on vivait sans peur,

ou chaque jour avait un goût de miel (enfin presque).

Aujourd'hui c'est le temps des pleurs,

où l'on ne peut vivre sans heurts,

et où chaque jour a un goût de fiel (enfin pire) ,

Nos dirigeants sans coeur,

ont oublié leur Heure,

quand ils iront tous au ciel.

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