Russie : Vladimir Poutine confronté à une étrange affaire d'enlèvement
Vladimir Poutine est confronté à une nouvelle affaire qui, si elle se confirme, pourrait écorner fortement sa présidence. Une mystérieuse disparition à Kiev, d'un militant peu connu d'extrême gauche et assistant d'un député, puis la rapide inculpation à Moscou pour "organisation de troubles massifs", a suscité de vives protestations.
Alors que les poursuites se multiplient contre l'opposition au chef du Kremlin, Leonid Razvozjaev, redoutant d'être à son tour interpellé, avait fui, la semaine dernière, en Ukraine. Tentant d'obtenir l'asile politique, il a demandé l'aide du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Une rencontre que l'UNHCR a confirmée, ajoutant l'avoir orienté vers une ONG spécialisée. L'opposant s'y est rendu pour s'entretenir avec des juristes. Lors d'une pause, il a quitté le local. Sans jamais revenir, abandonnant ses affaires.
Leonid Razvozjaev a depuis raconté avoir été "enlevé", puis ramené de force en Russie. L'opposant qui, en prison, a fait des confidences à des défenseurs des droits de l'homme, affirme avoir été poussé dans une camionnette et conduit dans la cave d'une maison en ruines. Menotté, il aurait été interrogé pendant trois jours, sans boire ni manger et sans aller aux toilettes. "Ils me disaient : si tu ne réponds pas à nos questions, tes enfants seront tués. J'ai fini par écrire une reconnaissance de culpabilité", a-t-il expliqué. Dimanche, il a réapparu dans un tribunal de Moscou, placé en détention provisoire pour deux mois.
Un récit digne des pires heures de l'Union soviétique. Mais, selon certains, la version de Leonid Razvozjaev doit être prise avec précautions. Car elle fait apparaître des contradictions, notamment sur les événements après son prétendu "enlèvement". Reste une certitude : les signaux se multiplient sur l'ampleur du virage répressif pris par le Kremlin contre l'opposition. Prochain sur la liste : Sergueï Oudaltsov, l'un des leaders des récentes manifestations. Accusé aussi d'organisation de "troubles massifs", déjà placé sous contrôle judiciaire, il devrait être inculpé dès aujourd'hui.
Benjamin Quénelle, Les Echos
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