Le Matin 14-11-2017 214083
En moins de 10 ans, le Bitcoin est passé du statut « monnaie de geek » à un moyen de paiement de plus en plus utilisé et surveillé par les États. L’Algérie envisage d’ailleurs d’interdire le Bitcoin et les autres crypto-monnaies.
Dans le projet de loi de Finances 2018 étudié à l’Assemblée populaire nationale (APN), l’Algérie fait part de son intention d’interdire aux transactions et à la possession les monnaies virtuelles à l’instar du Bitcoin. Via cette mesure, le pays souhaite notamment instaurer un contrôle plus strict sur les transactions numériques à l’origine du trafic de drogue, de l’évasion fiscale ou encore du blanchiment d’argent.
Les monnaies virtuelles seront interdites aux transactions et à la possession
« L’achat, la vente, l’utilisation et la détention de la monnaie dite virtuelle est interdite », précise l’article 113 du PLF 2018. L’Algérie semble donc décidée à bannir l’utilisation des monnaies virtuelles et notamment du Bitcoin. « Toute infraction à cette disposition est punie conformément aux lois et règlements en vigueur », est-il ensuite indiqué. Les crypto-monnaies peuvent s’échanger sur la toile entre particuliers sans la présence d’intermédiaires bancaires, de façon anonyme. La Blockchain, une énorme base de données, enregistre l’ensemble des transactions réalisées depuis la création du Bitcoin. La particularité de ce système est que les utilisateurs de Bitcoin jouent à la fois le rôle de contrôleur et de régulateur.
Contrairement à d’autres devises comme l’euro ou le dollar, le Bitcoin est une monnaie totalement indépendante puisque aucune institution, État ou Banque centrale n’intervient. Depuis la crise financière de 2008 et dans un contexte de méfiance vis-à-vis des institutions, la communauté d’internautes ayant recours aux monnaies virtuelles s’est largement développée. Dans certains pays, le Bitcoin est d’ailleurs devenu une véritable alternative aux monnaies officielles. Par exemple, en 2015, l’éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro a provoqué une hausse de 300 % des échanges de Bitcoin dans le pays.
Renforcer le contrôle sur les transactions numériques
L’Algérie précise qu’un renforcement du contrôle sur les transactions numériques via l’interdiction des monnaies virtuelles, permettra de limiter le trafic de drogue, l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent. Le PLF 2018 rappelle que les monnaies virtuelles échappent à toute régulation et contrôle des autorités ce qui favorise les transactions illégales. Cependant, celles-ci se démocratisent et attirent désormais un public plus large. Aujourd’hui, elles sont davantage utilisées pour des transactions légales. « Même notre pays n’échappe pas à ce phénomène qui peut nuire à notre sécurité et notre économie », est-il précisé.
L’Algérie n’est pas le seul pays à se méfier des crypto-monnaies. En effet, la Russie réfléchit sur une réglementation visant à déterminer le statut des technologies numériques utilisées dans la sphère financière. De son côté, la Chine a récemment condamné les dangers des crypto-monnaies en précisant que ces dernières sont de plus en plus l’instrument d’activités criminelles. Pékin voit d’un mauvais œil les plateformes permettant de contourner le contrôle des sorties de capitaux hors de Chine. Ainsi, l’avenir des crypto-monnaies reste plus que jamais incertain. Les utilisateurs devront probablement revoir leur stratégie Forex.