Le Matin 22-10-2017 425060
Qu'est-ce qui nous attend demain ? Comment allons-nous affronter cette crise économique qui nous bouche l'horizon ?
Aurions-nous le peu de patience et surtout d'audace qui nous avait auparavant permis de juguler la dépression des années de plomb quand le F.M.I nous tapait avec insistance à la porte pour demander ses sous, imposer ses conditions de gestion et nous ordonner un drastique plan d'ajustement structurel? Et si Bouteflika mourrait ? Y aura-t-il toute cette pagaille dont les médias ne cessent de nous gaver ? Les clans au pouvoir vont-ils tirer les épées de leur fourreau pour s'étriper? Le sérail se transformera-t-il en arène sans foi ni loi ? Les masses vont-elles sortir dans la rue pour manifester et crier à tue-tête : "barakat !" ? Et puis qui va payer tous les pots cassés de cette planche à billets qu'on a fait tourner pour soi-disant nourrir un pays qui, si vraiment toutes les conditions de la transparence et de la compétence dans la gestion sont réunies, il en fera nourrir d'autres ?
Désormais, les Algériens portent dans leur cœur le fardeau de "ces questions gênantes" qui se multiplient rapidement au fil des jours avec, en toile de fond, un cap flou, des officiels aussi corrompus qu'indécis, des statistiques imprécises et des variables inconnues. Bref, l'incertitude règne en maître incontesté en Algérie et il est tôt de prévoir un quelconque scénario de sortie de crise possible dans ce contexte de quasi-faillite de l'Etat. "Le couteau a atteint l'os", avoue Ouyahia lui-même dans son discours du 25 septembre dernier devant les sénateurs de la nation. Une formule qui, quoique "simpliste", résume à elle seule l'embarras où se retrouvent actuellement les autorités du pays.
Entre deux feux, l'exécutif joue son va-tout dans l'espoir que les cours du pétrole repartent à la hausse dans les mois à venir sans qu'il n'ose envisager aucune feuille de route pour sortir de "la politique du tout-pétrole". Or, unanimes, beaucoup d'analystes prédisent qu'à l'horizon 2025, l'Algérie n'aura pas grand-chose à exporter de ses hydrocarbures vu sa démographie galopante, la cherté des coûts d'exploitation ainsi que d'entretien des champs pétroliers du grand Sud et l'émergence de nouvelles ressources énergétiques alternatives. En plus, celle-ci ne fait presque rien pour y remédier. Un simple exemple suffit pour le prouver.
Destiné, au départ, à appuyer la compétitivité industrielle et énergétique, le prêt de 900 millions de dollars accordé par la Banque africaine du développement (BAD) n'a servi, en fin de compte, qu'à combler les trous budgétaires du Trésor Public. L'opacité des mécanismes décisionnels, les obstacles administratifs, la bureaucratie, la corruption, etc., n'ont pas dégagé, au grand malheur de tous, un terrain propice pour une culture d'entreprise à même de consolider notre système économique en déglingue.
Kamal Guerroua