Le Matin 19-10-2017 99859
Les gouvernants algériens sont responsables et n’hésitent pas à s’afficher en tant que tels, surtout devant les caméras de télévision, mais demeurent de grands incapables devant l’Eternel.
Nos gouvernants, qui ne peuvent surtout pas dire qu’ils n’ont pas eu le temps et l’argent nécessaires, ont fait tout leur possible pour sortir l’Algérie de son sous-développement, mais en vain. Après quatre mandats successifs et des dépenses se chiffrant à près de mille milliards de dollars, ils sont encore là, à user d’une recette éculée appelée la planche à billets. C’est à vous donner envie de pleurer.
N’importe quel autre gouvernement dans le monde aurait démissionné avant de demander pardon à son peuple et partir pour ne plus revenir aux affaires. Nos gouvernants, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. "Le FLN gouvernera cent ans encore", nous a promis Djamel Ould Abbès.
Reste à savoir pourquoi les gouvernants algériens s’entêtent-ils à rester en poste, malgré leur échec patent. Pourquoi n’appliquent-ils pas à eux-mêmes ce qu’ils appliquent méthodiquement dans d’autres domaines, comme le football par exemple ? De deux choses l’une : ou bien nos gouvernants sont inconscients, ou bien ils sont conscients mais veulent remettre au goût du jour la fameuse histoire de la chèvre qui vole.
Sous d’autres cieux, les gouvernements sont formés de visionnaires, de gens qui savent anticiper. Chez nous, quand les prix du pétrole augmentent, on jette l’argent par les fenêtres, et quand ils baissent on déclare le pays en crise. On ne sait faire que cela, apparemment. "Gouverner, c’est prévoir" ne fait pas partie de nos mœurs, malheureusement.
D’ailleurs, tout le monde se souvient du discours où le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, avait rappelé que les Algériens étaient allés en rompant au FMI dans les années 1990, avant de promettre, sûr de lui, que cela ne nous arrivera plus jamais. Le retour au FMI a été retardé par la planche à billets. Mais jusqu’à quand ? Jusqu’à la remontée des prix du pétrole, espèrent nos gouvernants très optimistes, à défaut d’être réalistes.
Au début des années 1990, tout le monde était convaincu par les propos des gouvernants français de l’époque, dans l’affaire du sang contaminé. "Nous sommes responsables mais pas coupables", avaient-ils clamé haut et forts. En 2017, tout le monde, ou presque, est convaincu aussi que les gouvernants algériens sont responsables mais pas capables.
Ahcène Bettahar