Le Matin 13-10-2017 155746
La déclaration protocolaire de Medvedev, qui a suivi sa rencontre avec Bouteflika ressemblait à un compte-rendu médicale, une attestation de " bon état " plutôt qu’une visite d’État.
Le toubib Dmitri, est venu rassurer (comme l’a fait avant lui le gérontologue François Hollande), sur l’état de santé du président, " sa grande capacité intellectuelle ", son aptitude à diriger et son " alacrité " désormais légendaire.
Il a par là même, administré une épaisse dose de broncho-dilatateur à un régime au bord de l’asphyxie, prit de spasmes à cause de la crise déclenchée par l’allergène Ouyahia !
La visite du Premier ministre russe aura cependant rempli deux de ses principaux objectifs : celui de suspendre provisoirement le blocus diplomatique dans lequel s’est mis sottement le pouvoir et celui de desserrer quelque peu l’étau des dernières initiatives de personnalités nationales qui demandent la destitution du président algérien pour des raisons médicales.
La santé du président est si délicate que le pays se retrouve en apesanteur, suspendu entre une rumeur de fin de vie et la promesse d’un règne sans fin.
C’est un secret pour personne ; Bouteflika ne reçoit plus, ne se déplace plus à l’étranger (sauf pour des soins), ne s’adresse plus à son peuple, ne conduit plus de délégations, n’assiste plus aux rencontres internationales. Les investisseurs fuient un marché risqué, où la valeur de l’action va de pair avec la santé d'un seul homme.
Une quarantaine d’ambassadeurs font la file et attendent leurs visas pour El Mouradia (ou Zéralda), et le président vénézuélien est devenu l’ami des bagagistes à force de faire escale à Alger !
Qu’à cela ne tienne, Bouteflika peut compter sur le tovaritch (camarade) Dmitri pour les sortir, lui et son clan, de leur torpeur diplomatique, lui qui n’a cessé, sans succès, de faire des appels du pied au président français Emmanuel Macron et à la chancelière allemande Angela Merkel.
L’appât de la rente pétrolière, qui permettait de pêcher des grandes nations "démocratiques" (bonnes pour la fréquentabilité) et les poussaient à s’écraser sont si maigres que la junte au pouvoir n’a de choix que de se rabattre sur des pays où la démocratie et les droits de l’homme sont sous scellés. La pêche à la baleine a laissé place à celle des piranhas !!!
Et après tout : qui mieux qu’un autoritaire pour donner la réplique à un dictateur ? Qui mieux qu’un régime d'oppresseurs pour laver une caste de malfaiteurs ? Qui, sinon l’administration Poutine, est capable d’offrir son aide à une gérontocratie d’affairistes soutenus par des militaires ?
L’Algérie est le premier importateur d’armes en Afrique, et les 4 milliards de dollars que récolte Moscou chaque année semblent suffire pour offrir 30 secondes de propagande médiatique à l’impotent Bouteflika ! Docteur Dmitri est reparti en délivrant un certificat de vie à Bouteflika, saignant un peu plus le malade Algérie.
Le contrat rempli, Dr. Medvedev en imminent spécialiste des maladies chroniques maghrébines, s’est envolé en urgence ausculter un estropié, qui rêve quant à lui, de se faire greffer un Sahara : à chacun sa névrose !
Hebib Khalil