Le Matin 18-01-2017 225311
Ce sont là les révélations de Moussa Aissani, responsable du corps de sécurité du colonel Mohamed Chaabani, et un proche de sa famille. Il affirme dans une longue interview, accordée au journal arabophone d’Echourouk, que Houari Boumediene avait commandité, lui-même, l’assassinat du plus jeune colonel de l’ALN de l’époque, et ce depuis l’aube de l’indépendance.
Selon Aissani, Houari Boumediene voulait se débarrasser de Chaabani parce qu’il voyait en lui une personne capable de l’empêcher d’arriver au pouvoir. Et parce qu’aussi, Chaabani avait soutenu Ahmed Ben Bella et voyait en lui un leader politique, et qu’il refusait l’ingérence de l’armée de l'extérieur dans les décisions politiques.
L’ancien responsable de la sécurité de la quatrième région militaire est allé dans le détail pour expliquer que l’assassinat devait se dérouler durant la guerre des sables en octobre 1963, pour le faire passer pour une mort dans le combat.
L’interlocuteur remonte dans le passé jusqu’aux débuts de la crise. Il la situe au début de l’été 1962 lorsque Saad Dahlab était venu les voir, lui et Chabani, alors responsable de la quatrième région militaire, pour les avertir des meurtres perpétrés par les hommes de Boumediene à l’encontre des opposants. Quelques jours auparavant, c’était Kaid Ahmed, qui était venu avertir des détournements de fonds auquel s’adonnaient, selon lui, les responsables du GPRA.
Dans la confusion, Chaabani avait préféré rester neutre, selon Moussa Aissati. Avec les graves événements qui se sont déroulés à Alger où se sont affrontées plusieurs factions, les relations entre les deux hommes s’étaient dégradées. Boumediene a alors commis un acte de traîtrise envers Chaabani et ses hommes, lorsqu’il les envoya sur le front de Béchar, presque sans munition, faire face aux Marocains. Ce qui a eu pour effet, l’anéantissement du régiment du colonel Chaabani. Il y a eu de nombreux morts et prisonniers des forces armées royales marocaines.
Dans sa confession qu'il est difficile à vérifier, Moussa Aissati révèle que mêmes les services secrets français avaient averti le colonel Chaabani par lettre (qu’il soutient avoir lu) du complot dont il était l’objet, et qu’il avait remis par la suite à Ben Bella.
Selon l’interlocuteur, Boumediene avait envoyé Ali Tounsi et ses hommes pour kidnapper Mohamed Chaabani à Biskra, mais qu’ils avaient intercepté leurs discussions, et écroué les commanditaires. "On a découvert, par la suite, que Mohamed Allahoum, était le complice de Boumediene, puisqu’il a relâché nos prisonniers à notre insu. On a également découvert que les systèmes hydraulique des freins de la voiture de Chaabani avaient été coupés, avant que ce dernier ne parte voir à Alger, le président Ben Bella. C’était la dernière fois que je le voyait".
Le 28 juillet 1964, une cour martiale, créée par Ben Bella, condamne à mort, le colonel Chabani pour haute trahison. Il sera fusillé à Oran à l'aube par un bataillon de l’armée algérienne, le 3 septembre 1964.
Hebib Khalil
Témoignages accablants de Moussa Aïssani
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