Le Matin 03-03-2016 12435
Des documents américains, reçus par l’agence Reuters et découverts pendant la traque d’Oussama Ben Laden au Pakistan, révèlent que la Mauritanie aurait tenté de conclure un pacte de non-agression avec Aqmi en 2010.
Selon ces documents, un accord aurait pu être conclu pour une durée d'un an en échange d'une somme d'argent et de la libération de prisonniers. La négociation avec des organisations jihadistes est une option pour laquelle d'autres pays africains, comme le Burkina Faso, ont déjà opté dans le passé.
Plus d'attentats ni d'enlèvements de touristes par Aqmi pendant un an en Mauritanie. Voilà l'accord que la branche sahélienne d'al-Qaïda aurait tenté de conclure avec Nouakchott en 2010. Ce pacte de non-agression a été révélé par des documents retrouvés par les forces spéciales américaines dans la cache d'Oussama Ben Laden au Pakistan, selon Reuters.
En échange, Aqmi aurait réclamé : la fin des attaques de l'armée mauritanienne contre ses hommes, le versement d'une somme de 10 à 20 millions d'euros chaque année, mais aussi la libération de prisonniers.
Cité par l'agence Reuters, un conseiller du président mauritanien a démenti l'existence d'un tel accord rappelant que Nouakchott est officiellement opposé à tout versement de rançon à des terroristes.
Ces documents sont pourtant jugés "crédibles" par le journaliste mauritanien Lemine Ould Salem. Selon ce spécialiste du jihadisme sahélien, un pacte tacite du même type existait également avec l'ancien régime du Burkina Faso. Sous la présidence de Blaise Compaoré, Ouagadougou jouait, via le conseiller spécial Mustapha Chaffi, le rôle d'intermédiaire dans les négociations et le paiement des rançons de libérations d'otages. Un pacte rompu, selon Lemine Ould Salem, avec la chute de l'ancien président et l'attentat meurtrier d'Al-Mourabitoune en janvier dernier contre le "Splendid Hôtel" en plein cœur de Ouagadougou.
RFI