La parfumeuse sort à Alger : Une critique du Soir d'Algérie

Le roman La parfumeuse de Mohamed Benchicou sort aujourd'hui à Alger (Editions Koukou) et son auteur ne cache pas qu'il a voulu ainsi célébrer à sa manière le 50e anniversaire de l'indépendance algé- rienne dont il veut rappeler qu'elle fut, avant tout, le fruit d'un élan internationaliste puissant et généreux, avant que le mouvement national ne sombre dans une vision étroite et exclusiviste, sous l'effet de diffé- rentes fractions opportunistes, étrangères ou algé- riennes et qui ont perverti le rêve initial, celui qui germa un soir de 1923 dans une chambre mansardée du quartier de père Lachaise, à Paris. Là où tout a commencé. L'histoire d'amour entre un garçon de Tlemcen et une jeune fille de Lorraine qui rêvait de devenir une autre Coco Chanel mais qui restera, dit Mohamed Benchicou, pour nous Algériens, la femme sans laquelle rien n’aurait été possible, ni l'Etoile nord- africaine, ni le PPA, ni tout ce qui est venu après. Bref, une histoire que ne raconteront pas les historiens parce qu'elle échappe à la raison, aux rigueurs de l'es- prit et aux chronologies froides.
Emma, la compagne de Messali Hadj, entre dans le roman en fin de vie, victime d’un accident cardio-vasculaire, clouée sur sa chaise, dans un jardin à l’abandon, parlant à son chat, un chat de gouttière recueilli, seule, avec sa fidèle mulâtresse, dans la solitude de sa maison désertée de Bouzaréah, à Alger. Le roman se veut un voyage à la fois émouvant et instructif dans le parcours atypique de cette Lorraine qui sait ce que veut dire «aller au charbon». Il est construit, rythmé sur les trois derniers jours d’Emma de l’hiver 1953 qui cadrent les chapitres eux-mêmes composés de courtes parties dans lesquelles le présent le passé, l’espoir et le désespoir, la lutte et les trahisons, la vie et la mort s’entretiennent sans frontières dans le cœur palpitant du récit. Plus qu’une biographie romancée qui, souvent, se plie à la chronologie historique, le récit, par la voix d’Emma, bouleverse le temps entre une succession de courts flash-backs mêlant l’histoire intime de ce couple qu’on eût cru étrange, surprenant même et l’Histoire moderne et palpitante d’un pays, l’Algérie, qui naît, dans cette union, dans une mansarde d’un quartier pauvre de Paris, Père Lachaise.
1953 : dimanche 20 septembre, Mardi 22 septembre et Mercredi 23 septembre. Ces trois jours, les derniers d’une vie entièrement vouée à la cause de l’indépendance de l’Algérie, dans ses balbutiements, ses tâtonnements, ses errements au sein de l’Etoile Nord Africaine avant de se libérer, prendre son envol, s’affirmer, dans une Europe ravagée par le fascisme, non seulement foncièrement antifasciste et anticoloniale, mais surtout revendicative de la libération de l’Algérie du joug colonial. Le geste paysan de Massali jetant une poignée de terre au dessus de l’assistance, à Alger, début des années 1930, rendu dans sa pleine symbolique par une brève parole prophétique «Cette terre n’est pas à vendre» a été si puissant par sa symbolique qu’il a frappé les esprits et trouvé sa puissance de frappe dans le texte fondateur du Manifeste du parti du peuple algérien auquel le pharmacien de Sétif, Ferhat Abbas a souscrit, reconnaissant auprès de Messali Hadj ses erreurs quand bien même elles seraient justifiées par Le Contrat social de Rousseau par l’esprit duquel se défend le futur président du GPRA trahi lui aussi aux premières heures de l’indépendance. Mais cette Etoile, ce «geste fort», ce Manifeste, vidés de leur substantifique moelle, déshumanisés en quelque sorte par l’Histoire, morts pour ainsi dire dans les archives, retrouvent dans ce roman, leur épaisseur humaine car ils (re) naissent de leurs cendres, dans la passion primesautière de deux exlus de leur pays respectif, qui eurent été broyés par la survie alimentaire, exploités comme des forçats, anonymes, si Emma, une Lorraine élevée dans la suie du charbon paternel, parmi les mineurs maghrébins, si Hadji exilé, débarqué à Paris, de Tlemcen, dans un accoutrement clownesque, l’air gauche, couvant une enfance maladive et tardive, dans cet appartement d’une ancienne amie de la famille du nouvel émigré sans pays, ne s’étaient reniflés, Emma plus que Hadji, à l’ancienne, sans effusion de sentiments, de déclarations d’amour, mais plutôt dans un jeu d’aimantation secret, irrésistible, de leur territoire respectif qui ne font qu’un, fait d’exploitation, de misère, d’exclusion, mais aussi d’une prise de conscience aigue de cette condition infra humaine qui n’est point une fatalité. Mais ils ne sont pas venus à l’Histoire dans un duo à armes égales, comme Jean Paul Sartre et Simone de Beauvoir, Aragon et Elsa, Bachir et Lucette Hadj Ali (- mais qui sait en l’absence de leur vérité enfouie dans leur vie secrète respective) ?
Si le roman historique humanise, historie des trajectoires de leaders, d’icônes, de chefs charismatiques, il les révèle, aussi, à rebours de leur mythe. Mohamed Benchicou, fort de l’expérience de la démystification fictionnelle de l’Histoire figée et du Héros statufié à l’œuvre dans Le Mensonge de Dieu, a su trouver l’équilibre entre l’intime et «l’extime» du couple. D’abord, en arrachant à l’oubli, à la froideur de l’Histoire, Emma, la compagne de Messali Hadj exclue de la biographie du «père fondateur du nationalisme algérien», seulement lui, sur les devants de la scène d’une historiographie misogyne. C’est, donc, par elle, par sa voix, alors tutoyant la mort en ses trois derniers jours de sa vie que le lecteur, la découvrant pour la première fois sans doute, découvre également, un autre Massali Hadj, celui qu’elle a toujours appelé, par affection et amour, «Hadji» hors des idées reçues et des images fabriquées à postériori. Entre Emma et son «Hadji» les rôles sont pour ainsi dire «inversés».
Emma, forte, protectrice, frondeuse, ne s‘avouant jamais vaincue au plus fort du désespoir et un Hadji orphelin, hésitant, doutant de soi, resté prisonnier de son enfance. C’est, à travers Emma, moins la stature de l’homme politique, le meneur de foule, voire l’idéologue de l’arabo-islamisme de son temps que l’on rencontre au fil des pages, des évocations d’Emma clouée sur sa chaise, confidente de son chat mort un jour avant elle, qu’un Hadji, fragile, encore enfant aux pieds nus, sevré de tendresse, qui raffole de chocolat, mais de cette fragilité même, ses carences affectives, sa condition d’enfant attardé, Emma en fera une personnalité singulière à force de ténacité, de persévérance et de dévouement à toute épreuve. Pas seulement par amour pour lui, mais aussi, pour un idéal, un combat qu’elle portait en elle et qu’elle a trouvé, comprimé, en Hadji et qui ne demandait qu’à être libéré en même temps que leur enfance jumelée, manquée, les habillant d’innocence et de luttes acharnées pour l’indépendance d’un pays, l’Algérie, pour lequel, ils ont scellé leur union. Hadji pour Emma n’est pas l’Algérie, mais une possibilité d’Algérie, indépendante, libérée de la colonisation, qui n’a pas de répit, à la différence d’une France dans laquelle elle ne cherche pas ce qu’il y a de meilleur en elle, y compris par ses aïeux communards, pour condamner cette autre France des massacres coloniaux. Car, bien qu’elle n’ait pas fait d’études, elle a développé au contact des réalités sordides vécues par son père Lucien, français victime de la France, un sens inné de la justice hors de la race, des religions, des langues. Son parti pris pour l’indépendance de l’Algérie n’est donc pas venu de sa rencontre avec Hadji. Elle l’a affermi.
Dans la brièveté tragique de ces trois derniers jours de sa vie, alors que son Hadji est condamné à résidence à Niort, dans cette France qui les a vu s’aimer, lutter, veiller corps à corps dans cette mansarde pour écrire tel discours, préparer telle rencontre, trouver la formule qui fera mouche lors de la rencontre de Hadji avec Abdelkader Hadj Ali, de l’Internationale socialiste, communiste algérien, l’intimidant par sa culture politique, son savoir encyclopédique, ou encore avec le syrien Chakib Arslane, l’idéologue de l’islam des pauvres ou pour préparer ce fameux «geste d’Alger» parti de cette mansarde. Quand Emma se retourne vers le passé, dans ce jardin défraîchi, redevenu friche, comme son combat, tous ces illustres noms sortent de ses souvenirs, dans leur réalité humaine, leur contradiction, leur faiblesse, leur traitrise, bref, leur vérité. La voilà, donc, esseulée, jetée dans le rebus de l’Histoire après avoir fait de son enfant, Hadji, trainé de prison en bagne, déporté dans un camp du sud algérien, puis dans une prison doré de Niort, après avoir cru un moment, libéré par les forces alliées, à la chute d’Hitler, à cette possibilité d’Algérie libérée de la colonisation, ouverte, démocratique, tolérante. Mais, ce n’est pas seulement cette France Libre qui se retourne contre lui, son parti éclaté, ses militants dispersés, mais aussi, les Algériens qui l’ont adulé et qui découvrent que celui qui bat pour l’indépendance de l’Algérie vit avec une «roumia» et permet à sa fille, Jenny, lui, qui prétendait défendre l’islam, de porter des jeans moulants en se pavanant à Alger.
Victime de l’intolérance des «siens» et de la répression de l’Autre, Hadji, par la voix d’Emma, a résisté aux bagnes mais pas à la trahison des siens. Sur ses pas, grâce à ses «pieds» dont Emma disait «C’est mon affaire» en les libérant de cette paire de «ces chaussures marron à tige haute qui lui donnaient l’allure d’un fantassin.», ridicules, grâce aussi à son corps frictionné aux parfums de sa compagne, entre deux discours au sein du «petit peuple» devenu grand, qui a relevé la tête, a déployé le drapeau algérien d’Emma, cousu dans ce réduit de Père Lachaise au moment où le couple, dans le sens inverse des géographies de l’Histoire, ne se reverra plus jamais. Emma, morte, à Bouzaréah, loin de sa Lorraine natale et Hadji, en «liberté surveillée» à Niort, en France, si loin de Tlemcen, de l’Algérie qu’ils ont fait naître, tous les deux, à la conscience d’elle-même.
Un roman attachant, vrai, dans lequel Messali Hadj n’est pas qu’un personnage historique. Il revit dans un territoire féminin, celui d’Emma et dans un autre territoire tout aussi féminin : l’indépendance de l’Algérie. Il revient, 50 ans après l’indépendance du 5 juillet 62 qu’il réclamait 40 ans plus tôt, emboitant le pas à l’ancêtre Belaïd dans Le Mensonge de Dieu, dont il semble partager la sentence : se battre pour la Patrie garant-il la liberté ?
Sur le plan purement esthétique, l’évolution des évocations d’Emma vont d’une épaisseur émotionnelle remarquable de densité à une sorte de chroniques épistolaires dans lesquelles l’Histoire reprend ses droits.
Rachid Mokhtari
Article original :
LE ROMAN LA PARFUMEUSE SORT AUJOURD’HUI À ALGER - Les yeux d’Emma
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Par Ouali Aït Ahmed, ancien officier de l’ALN
Nous savons tous que la part de nos exportations hors hydrocarbures ne représente que 2% de nos recettes en devises, ce qui est lamentablement faible et dangereux à la fois pour notre pays.
Parallèlement, nos importations, en denrées alimentaires, survolent, de très haut, nos capacités de production, que ce soit sur le plan quantitatif que qualitatif. Nous constatons cet état de fait en parcourant les plaines et les montagnes, à travers les vastes étendues de terres non travaillées, ce qui amène, en toute logique, la flambée des prix dont la masse en pâtit, d’autant plus que des constructions somptueuses et anarchiques en réduisent la superficie ! Les spécialistes en la matière nous le font toucher du doigt, par des statistiques, sans état d’âme. De tout temps, nous avons toujours tourné le dos à la mer et ignorons la richesse poissonneuse de ses côtes jonchées, par endroits, de constellations de corail de qualité et de plages paradisiaques. Mais, aujourd’hui, nous y faisons face pour la polluer, voir son corail dilapidé par des étrangers avec une complicité interne. En outre, nous la scrutons, la main en visière, pour voir, à l’horizon lointain, les navires chargés de victuailles et de friperie. Cette incapacité génétique de satisfaire nos besoins les plus élémentaires par le travail physique et intellectuel est corroborée par l’importation de footballeurs outre-Méditerranée, méprisant nos talentueux locaux, dans l’espoir d’une qualification en Coupe d’Afrique, menant droit à celle du monde. Encore, faut-il savoir qu’au départ, déjà, les dés étaient pipés car l’argent corrompt et ne se mesure, d’aucune façon au «nif» d’antan. Qu’à cela ne tienne, l’essentiel est de remplir les poches et le compte bancaire. Cela dit, je reviens à l’article de Rémi Yacine, publié dans le journal El Watan, dans son édition du jeudi 5 juillet 2012, dans la rubrique «Culture» (p. 22) à l’effet d’informer ses lecteurs du contenu du dernier ouvrage de Mohamed Benchicou intitulé La parfumeuse (et en contrebas «la vie occultée de Madame Messali». De but en blanc, il nous annonce la couleur par un titre aussi flamboyant que porteur de contrevérités historiques : «Le drapeau algérien avait une mère», comme si sa vraie mère, l’Algérie, éternelle, n’est que sa marâtre !... loin de rendre justice à Emilie Busquant, la compagne de Messali Hadj, il l’enfonce davantage, car à travers les investigations menées, il nous fait découvrir la personnalité de celle qu’il veut encenser de tous les parfums précurseurs du nationalisme. En fait, cet article fait écho à celui paru dans le quotidien Le Soir d’Algériedu mercredi 16 mai 2012 (pages 10 et 11), intitulé L a Vie occultée de Madame Messali, signé de l’auteur de l’ouvrage lui-même. Et là, j’ouvre une parenthèse pour dire que nos gènes sont profondément marqués à jamais, dans notre propension à toujours importer tout ce dont nous avons besoin, y compris les concepts et les symboles matérialisés par les couleurs composant notre emblème national. Il énonce tout de go que ces couleurs sont un puzzle symbolisant la révolution française de 1789, de la Commune de Paris de 1848 et de l’Islam, le tout pensé et réfléchi par Emilie Busquant, en 1929 et à Tlemcen après six ans de mariage avec Messali Hadj contracté en 1923. Vous voyez où va notre tare à ne produire rien, absolument rien, depuis la nuit des temps et à importer tout, y compris nos symboles d’unité et de rassemblement. Et ce, de la part d’une vendeuse de parfumerie !— métier que je respecte autant que je le fais pour les autres —, qui n’avait que vingt-huit ans. Puisqu’on y est, il aurait pu préciser la nature du fil utilisé pour le coudre : n’aurait-il pas été réalisé à l’aide des poils de la barbe de son mari pour sacraliser son produit, avant l’heure d’autant plus que cette dernière était bien fournie, malgré la vente de chaque poil aux militants à dix douros de l’époque, pour alimenter, dit-on, la caisse du parti ! Avec tout cela, vous refusez de croire à la mission civilisatrice de la France coloniale sans cesse rabâchée par la droite française et la loi du 23 février 2005 sous Nicolas Sarkozy !... Trêve de plaisanterie. Revenons aux choses sérieuses. Voyons d’abord la date de la conception du drapeau algérien. Sa maternité attribuée à Emilie Busquant a été avancée par la mouvance messaliste en espérant faire d’une pierre deux coups : se disculper de sa collaboration avec l’administration coloniale, pour légitimer les attentats contre les militants FLN/ALN et remettre son chef sur le piédestal de «zaïm» dont il est tombé, piteusement, en chute libre. Certains la font remonter à 1945 d’abord, puis à 1937 à Paris, cela selon les témoignages recueillis çà et là. Lorsque des recoupements la situent à 1934, voilà qu’on baisse d’un cran pour la ramener à nouveau à 1929, et ce à Tlemcen. Ce glissement et ripage chronologiques et géographiques se font au gré des circonstances et climat politique, sans tenir compte de la vérité historique. Pour comprendre l’évènement, nous procédons par élimination. Et Radjef Belkacem, qui n’était pas parmi les fondateurs de l’Etoile nord-africaine, est catégorique à ce sujet. La conception de l’emblème national est exclusivement l’œuvre de l’ENA, en 1934, au sein de l’instance exécutive conduite par Imache Amar, alors secrétaire général de la GENA. (Grande étoile nord-africaine). Donc, ce drapeau est le fruit d’un travail collectif. Et d’un ! De deux : il faudrait le replacer dans son contexte temporel : malgré le sigle (ENA) qui couvre l’ensemble de l’Afrique du Nord (Tunisie, Algérie et Maroc), les représentants des deux autres pays étaient, à la fois, circonspects et quelque peu réticents, du fait de la nature différente de l’occupation de leurs pays respectifs et de l’Algérie. Pour eux, sous le protectorat français, la marge de manœuvre était plus large que pour les Algériens qui étaient sous la coupe directe de la IIIe République française. Donc, le prix à payer pour la libération ne pouvait être comparé à celui qu’attendaient les Algériens. Ils oubliaient que les trois peuples étaient soumis au même esclavage et à la même rapine, à la seule différence que sous le protectorat, la monarchie et le gouvernement autochtone faisaient office de tampon entre les peuples et la puissance occupante, alors que l’exploitation du peuple algérien se faisait directement, sans intermédiaire aucun. Les trois pays étaient sur un pied d’égalité dans l’exploitation, le mépris et le malheur de leurs peuples qui n’étaient vus par la France coloniale que sous l’angle définitivement construit par Jules Ferry qui considérait que dans le monde, la race supérieure – la sienne – doit avoir, à ses services, la race inférieure – la nôtre — ! Et dire que celui-ci était considéré comme le précurseur de l’école gratuite pour tous ! La France coloniale a su jouer entre les uns et les autres. L’ardeur du côté marocain et tunisien s’émoussait et s’adoucissait. Et c’était dans la saine perspective de fouetter l’orgueil des uns et des autres que les dirigeants de la GENA, sous la direction du secrétaire général, Amar Imache, natif d’Aït-Mesbah (ancienne commune mixte de Fort national) s’étaient mis sérieusement à réfléchir à un emblème pouvant unifier les rangs au service de la même cause. L’année 1934 a vu la conception d’un emblème national de l’Etat confédéral de l’Afrique du Nord, à même de resserrer les liens entre les trois peuples. Vert-blanc-rouge représentent à la fois la Tunisie (Tounès El-Khadra), l’Algérie (Dzair El- Baïda) et le Maroc (Morrakech El-Hamra), baignant en leur beau milieu, un croissant et une étoile pouvant rappeler un fond religieux (l’Islam) dans sa tolérance la plus complète, le vert symbolisant la jeunesse et la vigueur le blanc, la liberté, la paix et la pureté et le rouge le prix à payer, en don de sang, si nécessité oblige. Et ces caractéristiques de chacun des trois pays ne sont nullement données d’une façon fortuite. Elles dérivent du système de la rotation de la planète Terre sur elle-même et autour du soleil. Si on peut représenter les trois pays, de l’Est à l’Ouest, par un segment, la boule de feu suit une parabole ayant pour origine la Tunisie (lever du soleil), avec la rosée du matin qui irrigue, naturellement, herbes, cultures et plantations. A son zénith, le soleil devient aveuglant et tout blanchit en Algérie, à son coucher ses rayons rougeâtres nous viennent de l’Ouest, c’est-à-dire du Maroc. Cela dit, nous devons nous poser des questions pour savoir les raisons pour lesquelles un feu de tout bois est allumé pour falsifier notre histoire récente, après avoir enseveli notre histoire antique. Si Mme Emilie Busquant avait cet amour passionné pour la libération de l’Algérie, qu’on veut lui prêter, elle aurait exercé toute son influence sur son mari, Messali Hadj, pour être parmi les fondateurs de l’ENA. (Etoile nord-africaine) à défaut d’en être l’initiateur. Or, il n’avait rejoint l’ENA qu’en 1927. Elle l’aurait conseillé de ne jamais écarter les cadres de haute valeur qui l’entouraient, tels Djeffal Akli, Hadj Ali Abdelkader, Si Djilani, Melbouci, Douar ou Imache Amar de l’ENA ou du Dr Lamine Debaghine et des cadres taxés de «berbéristes » du PPA/MTLD. Elle lui aurait soufflé de faire sienne la cause nationale du 1er Novembre 1954, au lieu de créer son propre MNA (Mouvement national algérien), le 14 décembre de la même année, ce qui a amené Jacques Soustelle, gouverneur de l’Algérie à dire en 1955 qu’il avait «une dernière carte en main, celle de Messali». Elle aurait pu le conseiller à donner des instructions à ses fidèles de diriger leurs armes sur l’ennemi commun, au lieu de lutter contre les combattants de l’ALN dans le Djurdjura, à Aït-Yala, à M’sila, à Dar-Chioukh, sous la direction de son lieutenant militaire «le général Bellounis» toujours entouré de part et d’autre, des emblèmes algérien et français. Par ailleurs, ses enfants auraient pu assigner, en justice pour diffamation, le général Jacquin, chef des services secrets français, qui traitait Messali Hadj «d’agent des services» et fiché sous le nom de M. Léon dans son ouvrage édité en 1977. Quant à la fameuse phrase prononcée le 2 août 1936, à l’occasion d’un meeting au stade des Anassers : «Cette terre n’est pas à vendre», après en avoir pris une poignée, c’était de la poudre aux yeux, car en langage commercial, on ne vend que ce dont on est propriétaire. Or, en 1936 toute l’Algérie, terres et habitants appartenaient à la France coloniale. Mme Emilie Busquant aurait pu lui faire dire «Cette terre est à libérer !» Son parcours de 1927 à 1962 a été retracé dans mon article intitulé «Izem d’Mhand it-inghan, ciea-s d’avu Sliman» paru le 27 juin 2010 dans un quotidien de la presse algérienne. Nous apprenons à travers le scoop que le corps de Mme Emilie Busquant sera recouvert, lors de son décès, un an avant le recouvrement de la souveraineté nationale, de l’emblème national. Si les autorités françaises ont accepté de voir se dérouler une telle cérémonie sans réagir, cela ne pouvait que servir l’avancement de ses pions sur l’échiquier algérien. Mettre en relief la personne de Mme Emilie Busquant, c’est s’entêter à redorer le blason de Messali Hadj qui ne s’occupait que du culte de sa personnalité, à modérer l’ardeur des militants de la cause nationale pour retarder une insurrection armée inéluctable. L’histoire l’a définitivement condamné. La falsification de l’histoire ne sert ni l’Algérie, ni son peuple et encore moins ceux qui en sont les initiateurs et les animateurs. Ceux qui, à l’impossible, se sentent tenus, sont appelés, en région des Zwawas «Iminuda n’thara u’kured» qui veut dire simplement «les chercheurs en circoncision de puce». Pour ce qui est du combat de la femme algérienne, il a été héroïque et plein de magnificence, qu’elle s’appelle Sekoura, Aïni, Fazia, Chabha, Raymonde, Claudine ou Jacqueline. Son trophée arraché de haute lutte, elle le gardera à jamais, malgré les vicissitudes du moment, car il n’y a de joie et de travail qu’avec les applaudissements des deux mains, sans a priori ni mépris l’une pour l’autre, et sans que Mme Emilie n’intervienne en quoi que soit. En conclusion, je dirai qu’un Benjamin Stora s’inscrive dans une perspective de réhabilitation de Messali Hadj et par connexion, de critiques acerbes dirigées contre le FLN/ALN historiques, c’est son droit le plus absolu, malgré la déontologie et l’ombrage qu’il porte à sa qualité de scientifique, mais que des Algériens s’en inscrivent, en satellites happés par sa force attractive, pour vendre son produit, en sous-traitants, c’est vouloir effacer, d’un seul trait, tout un pan de notre histoire faite d’héroïsme, de sacrifices par les vrais militants de la cause nationale morts ou encore en vie, en uniforme ou en tenue civile. Parler ainsi de la «Parfumeuse», en apparence, c’est mettre en évidence «le mis au parfum » pour le réhabiliter et suggérer, d’une façon insidieuse, que sa politique et sa ligne de conduite auraient évité tant de sacrifices et d’horreurs. Cela fait partie d’un scénario, monté par l’ancienne puissance coloniale dont la mise en scène a été confiée à Louis Joxe, ministre de la République qui a tenu à préciser lors de son voyage à Oran, en mars 1961 qu’il «négociera avec le MNA (Mouvement national algérien) sur le même pied d’égalité que le FLN». Ce qui a amené le GPRA (Gouvernement provisoire de la république algérienne) à se réunir, le 31 mars, à Tunis, pour faire échec à la position française qui devait s’incliner finalement, trois mois après. Le deuxième acte du même scénario se déroule sous nos yeux, depuis déjà un certain temps, et avec une offensive tous azimuts en avançant les pions susceptibles de nous faire «échec et mât» pour effacer de la mémoire collective l’échec sanglant du premier acte, mené de main de maître par le FLN/ALN. Mais «le colonialisme est un mauvais élève», comme l’a dit le général Giap, et le restera toujours, pourrai-je continuer, à moins qu’on le devienne, à notre tour, par notre insouciance et nos velléités à porter un regard sain mais critique sur notre passé, notre présent et notre avenir. Un regard de citoyen algérien, au sens le plus noble du terme, doublé d’une dimension africaine et d’une envergure universelle. Ainsi, on aiderait l’homme à devenir Homme, dans son existence bisexuelle (homme et femme) !...
O. A. -A.
Ne dit-on pas alors " Mine wara koulou âdime Imrâ a" essai de traduction : "Derrière tout génie, il y a une femme" Prière me corriger si nécessaire.