Législatives de Bouteflika: panique à bord
Une évidence : c’est la peur au ventre d’une forte abstention au scrutin législatif à moins de trois mois de son échéance que les partis de l'alliance et les formations "éprouvettes" s’épuisent à lancer des SOS désespérés et font feu de tout bois pour appeler à un "vote massif".
C’est sans surprise aucune et dans un marasme ambiant que les partis sitôt agrées, sitôt bride abattue aux législatives, ont tenu leur congrès dit de "conformité" tandis que ceux qui, assis dans le confort clanique de l’alliance présidentielle, misent gros sur leurs outsiders de la course électorale du 10 mai prochain et les appels au secours en direction des électeurs qui ne semblent pas se bousculer au portillon se font insistants, presque pathétiques. Bouteflika, ses partis de son alliance, le nouveau MPA (Mouvement populaire algérien (ex UDR) de Amara Ben Younès, le MSP de Soltani, le FC de Menasra ont un seul mot d’ordre : "sauver l’Algérie par un vote massif."
Ainsi, cette évidence : C’est la peur au ventre d’une forte abstention au scrutin à moins de trois mois de son échéance que les partis s’épuisent à lancer des SOS désespérés. Avec cette panique à bord, le discours politique change d’optique. Il se déplace de la critique des réformes et des lois récemment plébiscitées par les formations de Belkhadem et d’Ahmed Ouyahia vers la hantise d’une abstention record au point que les législatives deviennent le rendez-vous de la dernière chance pour, disent-ils "sauver l’Algérie" de… cette abstention même.
L’ensemble des acteurs sans électeurs de ces législatives se tourne vers les ex-militants de l’ex-Fis, adoubés non seulement par les formations islamistes de la dernière couvée et par un MSP qui peine à les charmer, mais aussi par les partis de l’alliance qui leur offrent plus qu’un simple retour à la légalité de leur parti interdit en 91, l’impunité et l’immunité.
Le Front du changement (FC), le parti de l’ancien ministre de l’Industrie et dissident du MSP, Abdelmadjid Menasra, a tenu ce vendredi 17 février son congrès constitutif à la coupole du 5 Juillet à Alger, avec, dans les tribunes, des chefs de l’ex FIS dont Hachemi Sahnouni présent aussi, le même jour, au congrès de Djaballah. Menasra a plaidé pour le retour en politique des "repentis" : "Il faut mettre fin à la discrimination envers ceux qui ont déposé les armes et les intégrer convenablement dans la société" comme si ceux-là n’avaient pas fait l’objet de toutes les faveurs de la réconciliation nationale. Encensant la réconciliation de Bouteflika, Menasra n’a pas manqué d’apporter son soutien "aux efforts de l’Armée dans la lutte contre le terrorisme."
De Constantine, pour le président du MSP, Bouguerra Soltani, cela ne fait pas l’ombre d’un doute : "les islamistes remporteront à coup sûr les prochaines élections législatives." A l’instar de Bouiteflika qui, à défaut de panache, a ranimé (ou réanimé) la journée du chahid pour l’inscrire aux calendes des législatives, le chef du MSP, n’a pas trouvé mieux, lui aussi, que d’évoquer cette "Journée du martyr" pour, à travers un patriotisme de mauvais aloi, appeler les citoyens à aller voter en masse. Sorti de l’alliance présidentielle mais ayant toujours un pied dans le gouvernement, Soltani, qui a multiplié au cours du mois ses visites dans les pays qui ont connu les révolutions arabes, s’en prend cette fois à la politique étrangère de Bouteflika, insinuant ses soutiens tardifs aux révolutions arabes. Faisant feu de tout bois pour espérer mobiliser autour d’un nouveau crédo "l’internationale islamiste» arabe contre la vieille union fictive «du grand maghreb arabe", Bouguerra Soltani craint lui aussi sa bête noire: l'abstention massive.
Lors de son congrès constitutif du Front de la justice et du développement (FJD) dirigé par l'islamiste Abdellah Djaballah, revoilà Hachemi Sahnouni aux premiers rangs, créant la surprise non par sa présence au côté de Djaballah mais par le fait qu’il n'a pas daigné se lever à l'hymne national ; ce qui a donné lieu à bien des supputations et offusqué... le président de l'UDR rebaptisé en MPA (mouvement populaire algérien), Amara Benyounès qui a lancé un appel "à tous les démocrates et les patriotes républicains du pays."
En quête d’alliances de tout bord, il s’est dit "prêt à s’unir avec tous les démocrates sans exception", agitant la menace islamiste en cas de fortes abstentions.
Alors que les islamistes veulent ratisser large dans la mouvance de l’ex-Fis, Amara Benyounès tente de rallier les Patriotes et les Gardes communaux, qui ont fait face au terrorisme dont il déplore "le total dénuement après avoir sauvé la République". Qualifiant son parti d’anti-islamiste, M. Benyounès considère que "Le MPA est contre la politique de l’amnistie générale".
Ainsi, le grand favori virtuel de ces législatives reste la mouvance de l’ex-Fis courtisée par les pronostiqueurs aguerris ou amateurs des outsiders de scrutins. A leur tête Bouteflika, les partis de son Alliance et les autres formations "éprouvettes" craignent une abstention massive, historique, inédite depuis 1991. C’est pourquoi sans doute, ces appels pathétiques par tous les moyens, à un vote "massif" à vide, comme préludant à une catastrophe, à la leur. Tandis que le citoyen livre bataille à toutes les calamité d'un système qui, contre vents et marée, est prêt à s'allier avec le diable pour s'assurer les privilèges de la rente...
RN
Commentaires (11) | Réagir ?
A mon avis il faut que tous les Algériens aillent voter pour sanctionner la politique de Boutef et ses charlots. Allez voter voter tous blanc : ça sera notre revolution et au même temps demontrer au monde que nous sommes un peuple uni.
Dans ce lamentable cirque nommé Algérie, il n'y a donc que des clowns... Vivement l'autonomie de la Kabylie avant que le chapiteau ne s’écroule !