Les trois Arabes de Sarkozy
Exécuteurs des basses œuvres élyséennes, ces trois personnages très sulfureux, liés au ministre de l’Intérieur, jettent le trouble sur la face cachée du pouvoir.
Nicolas Sarkozy espérait que les dérives de son hyperprésidence n’étaient plus qu’un vieux et lointain souvenir. Mais voilà qu’un dénommé Robert Bourgi, officieux ex-Monsieur Afrique de l’Elysée, ancien du réseau Foccart, anticipe la sortie du livre de Pierre Péan, la République des mallettes, pour dézinguer à tout va, accusant Jacques Chirac, Dominique de Villepin, et Jean-Marie Le Pen d’avoir touché de l’argent liquide de chefs d’Etat africains. Première conséquence, le parquet de Paris a ouvert hier une enquête préliminaire confiée à la brigade financière.
L’Elysée a beau essayer de se tenir à l’écart de ce jeu de massacre, ces révélations jettent les lumières sur un personnage peu recommandable et pourtant apprécié de la Sarkozie et surtout de Claude Guéant, l’ex-secrétaire général de l’Elysée et actuel ministre de l’Intérieur. Car Bourgi, comme Alexandre Djouhri ou Ziad Takieddine sont des hommes de l’arrière-cuisine de Guéant que l’Elysée n’aime pas voir sur le devant de la scène. D’où cet art de la litote emprunté par le ministre de l’Intérieur pour justifier leur fréquentation. Bourgi ? «On a souvent intérêt à entendre ses avis et ses informations.» Djouhri ? «Je n’ai qu’une relation amicale. Je n’ai jamais traité la moindre affaire avec lui.» Takieddine ? «Il m’a fait passer des messages sur l’ambiance à Tripoli, mais n’a joué aucun rôle dans la libération des infirmières bulgares.» En clair, Guéant reconnaît fréquenter le trio, mais nie avoir négocié le plus petit dossier avec eux. A l’Elysée, on jure que, depuis l’arrivée de Xavier Musca à la place de Guéant, aucun de ces porteurs de mallettes n’a franchi le portail du Château. Le tort de Sarkozy ? «Avoir laissé si longtemps à Guéant un tel espace de décision», se désolait il y a quelques semaines un proche du chef de l’Etat.
Bourgi : le porteur de mallettes
A 66 ans, Robert Bourgi vient de passer définitivement de l’autre côté du miroir en racontant par le menu les valises de la Françafrique. Son maître, Jacques Foccart, doit se retourner dans sa tombe. Selon plusieurs connaissances, Robert Bourgi est un homme de conflits. Quand il se signale dans la presse c'est pour lâcher des bombes. Homme de réseau, ancien de la France Afrique chère à Foccart, Bourgi a fait du continent noir ton arrière-cour d'intervention et d'influence.
D’où vient-il ?
Né en 1945 au Sénégal, alors sous domination française, dans une famille d’origine libanaise chiite, Robert Bourgi a fait des études de droit avant d’enseigner à Abidjan, où il se lie avec Laurent Gbagbo et fréquente Félix Houphouët-Boigny. Mais le droit l’intéresse moins que la politique et les jeux d’influence. Très vite, il se rapproche d’un homme qu’il a côtoyé dans sa jeunesse, Jacques Foccart. Le Monsieur Afrique du général de Gaulle était un proche de son père, Mahmoud Bourgi, négociant en textile à Dakar et gaulliste de la première heure. Dans les années 80, Bourgi travaille au sein de la Chiraquie, notamment à la Coopération et côtoie le jeune Nicolas Sarkozy. Cet homme madré et chaleureux aime à se présenter comme le dernier héritier des réseaux Foccart sur le continent africain. De fait, il a su se rendre utile auprès d’un quarteron de présidents du pré carré francophone : Omar Bongo (Gabon), Denis Sassou N’Guesso (Congo-Brazzaville), Abdoulaye Wade (Sénégal) et l’Ivoirien Laurent Gbagbo (avant sa chute en avril 2011).
Qu’a-t-il fait ?
Lundi, au micro d’Europe 1, l’avocat a déclaré qu’il n’avait aucun rôle de conseil officiel auprès du président Sarkozy. C’est parfaitement exact : Robert Bourgi n’apparaît sur aucun organigramme, mais il est des voyages officiels en terre africaine. Naviguant dans les eaux troubles de la politique et des affaires, il joue les intermédiaires avec un art consommé : entre chefs d’Etat, mais aussi entre dirigeants et businessmen. C’est, d’ailleurs, ainsi qu’il gagne - confortablement - sa vie. Bourgi est un porteur de messages, mais aussi, comme il vient de le confesser, de valises. Dans le JDD, il a brisé l’omertà en confiant que «cinq chefs d’Etat africains - Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte-d’Ivoire), Denis Sassou N’Guesso (Congo-Brazzaville) et Omar Bongo (Gabon) - ont versé environ 10 millions de dollars pour la campagne de Jacques Chirac en 2002.»
Qu’est-ce qu’on lui reproche ?
D’avoir trop parlé. Jusqu’alors, il n’avait jamais évoqué publiquement ces transferts de fonds. En revanche, cela fait plusieurs années qu’il se pousse du col : dans l’éviction de Jean-Marie Bockel du ministère de la Coopération (2008), dans le soutien de Paris à Ali Bongo (2009). Le Quai d’Orsay supporte difficilement son activisme, qui le court-circuite, à Madagascar ou en Mauritanie. Dans des télégrammes révélés par Wikileaks, les anciens conseillers de Sarkozy sur l’Afrique dissimulaient mal leur agacement, reprochant à Bourgi de songer avant tout à faire fructifier ses propres affaires en profitant de sa proximité avec le chef de l’Etat.
T.H.
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Commentaires (2) | Réagir ?
vive l’Algérie
faculté de droit
Robert Bourgi n'a pas cité Alger, bizarre non? et Visa 2005 Monsieur Chirac?