Libye : Tunis reconnaît le CNT et les rebelles avancent vers Tripoli
Depuis samedi soir, des combats se font entendre à Tripoli entre rebelles et forces loyales à Mouammar Kadhafi. Important : la Tunisie est le premier pays voisin à reconnaître le CNT. Elle vient de le faire savoir.
La Tunisie a décidé de reconnaître le Conseil national de transition libyen (CNT, rébellion) comme représentant légitime du peuple libyen, alors que les heures du régime Kadhafi sont comptées, selon la rébellion. "La décision politique a été prise", a confirmé dimanche une source gouvernementale, alors que la rébellion a annoncé une opération en cours à Tripoli pour isoler le colonel Kadhafi et que des affrontements se déroulent dans la capitale.
Sur le terrain des affrontements
Selon Ahmed Jibril, porte-parole du Conseil national de transition, il s'agit là des prémices d'une offensive visant à faire chuter le colonel Kadhafi, après six mois de guerre dans le pays. "L'Opération sirène" se déroule en coordination entre le CNT et les combattants rebelles dans et autour de Tripoli. L'OTAN est également impliquée dans l'opération", a précisé M. Jibril. "Nous estimons que [cette opération] devrait durer encore plusieurs jours jusqu'à ce que Kadhafi soit assiégé", a-t-il expliqué. "Nous prévoyons deux scénarios : qu'il se rende, ou qu'il s'échappe de la ville. Au cas où il exprime son souhait de quitter la Libye, nous accueillerons positivement cette proposition et nous l'accepterons", a enfin indiqué le porte-parole des rebelles. "L'heure H a sonné. Les rebelles se sont soulevés à Tripoli", a pour sa part déclaré Abdelhafidh Ghoga, vice-président du CNT, tandis que Moustapha Abdeldjalil, le président du CNT, affirmait dès samedi que la fin du colonel Kadhafi était "très proche".
Signe que l'étau semble se resserrer sur le colonel Kadhafi, des ressortissants britanniques et d'autres nationalités devaient être évacués de Tripoli vers Malte dans la journée. Mais le navire maltais qui devait évacuer ces ressortissants n'est pas entré dans le port à cause des tirs qu'il a essuyés, a déclaré une porte-parole du ministère polonais des affaires étrangères. "Des discussions se poursuivent avec les rebelles pour permettre au navire d’entrer dans le port et évacuer les étrangers en toute sécurité", a-t-elle ajouté. Une Polonaise, accompagnée de ses trois enfants, devait quitter Tripoli à bord de ce bateau, selon Mme Kapuscinska.
Dans la nuit de samedi à dimanche, quatre puissantes explosions ont secoué la capitale libyenne. Les détonations ont été entendues peu après 4 heures, alors que la ville était survolée par des avions de l'OTAN. Auparavant plusieurs explosions et des échanges de tirs nourris ont également été entendus. Des témoins ont fait état de manifestations hostiles à Kadhafi, samedi à Tripoli, puis d'"affrontements" impliquant des rebelles dans certains quartiers de la capitale. Selon la chaîne Al-Jazira, ces combats ont fait 31 morts parmi les soldats loyaux au colonel Kadhafi et 42 autres soldats auraient été capturés.
Sur le terrain, les rebelles du front ouest étaient dimanche après-midi à une vingtaine de kilomètres de Tripoli où des explosions et des échanges de tirs nourris se poursuivaient selon des témoins, qui ont également fait état d'"affrontements". A leur approche, de nombreux quartiers de la capitale étaient en ébullition dimanche matin et des affrontements opposaient pro-Kadhafi et insurgés, selon des témoins. Les tirs se sont calmés pendant une grande partie de la matinée dimanche avant de reprendre de manière sporadique dans le centre ville et à Tajoura (banlieue), toujours selon des témoins.
Evoquant l'offensive rebelle, le porte-parole du gouvernement libyen, Moussa Ibrahim affirme pour sa part que les volontaires et les forces libyennes sont venus à bout des insurgés qui s'étaient "inflitrés" dans la capitale. "Tripoli est toujours défendu. Nous avons des milliers de soldats professionnels et des milliers de volontaires qui protègent la ville", a indiqué ce porte-parole, lors d'une conférence de presse.
Mouammar Kadhafi est également intervenu dans un message sonore diffusé à la télévision pour se féliciter de l'échec de l'attaque des insurgés. "Ces rats (...) ont été attaqués par la population cette nuit et nous les avons éliminés", a-t-il déclaré. Quant aux frappes aériennes opérées par l'OTAN, le dirigeant libyen en a minimisé la portée : "le bruit des feux d'artifice est plus fort que celui des bombes lancées par l'aviation".
Le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, est également intervenu dimanche à la télévision officielle pour répéter que le régime de Tripoli "n'abandonnerait pas la bataille" : "Nous sommes sur notre terre et dans notre pays. Nous résisterons six mois, un an, deux ans,... Et nous gagnerons". "Ce n'est pas une décision de Saïf al-Islam ou de Kadhafi, c'est la décision du peuple libyen", a-t-il ajouté.
Commentaires (0) | Réagir ?