Le régime actuel est inamendable
L’argent qui coule à flot dans le pays parvient à acheter pas mal de consciences, pas seulement celles des "parlementaires", d’ailleurs prêts à jouer leur rôle de faussaires avant même leur "élection" laquelle, comme chacun le sait relève du théâtre d’ombres…
M Mebtoul continue, décidément, à tourner en rond, en poursuivant, presque quotidiennement, à comparer des choses incomparables. Adresser des messages économiques, enrobés dans un emballage outrageusement statistique, en vue d’attirer l’attention des décideurs pour qu’ils changent leur vision sur l’avenir, autrement dit la gouvernance, c’est tout bonnement demander à un individu sourd et aveugle de nous indiquer notre chemin dans un espace que l’on ne connaît point. Pour pouvoir parler de crise économique mondiale ou même de crise tout court, faut-il posséder soi-même une économie. Or, où est-elle cette économie, sinon à travers des écrits et autres documents qui, à l’analyse, se révèlent relever du charabia et du galimatias se voulant pompeusement "éclairant", alors qu’il est sous tendu par une volonté infantile de manipulation. Lorsqu’on désire construire une maison, par quoi doit-on commencer ?
A lire M. Mebtoul et d’autres économistes amoureux des chiffres et des comparaisons totalement inadéquates, c’est tout bonnement perdre son temps et s’adonner à un exercice de style nécessairement stérile. Le problème de l’Algérie ne réside pas dans le dépôt de ses pétrodollars dans les banques de tel ou tel pays, mais dans l’usage qui est fait de cette manne des hydrocarbures. Et quand bien même les 160 milliards $ déposés dans les banques étatsuniennes et européennes venaient de perdre, à cause des perturbations financières qu’on observe dans les structures bancaires et les bourses, 1,6 $ ou même davantage, quel impact aurait une telle perte dans le processus de "développement" du pays ? J’ai écrit le mot développement avec des guillemets, parce que précisément il n’existe pas et ce en dépit de l’érection de certaines infrastructures et autres équipements. Ce qui se réalise dans le domaine considéré, on le voit partout dans le monde, en particulier dans les pays pétroliers qu’ils soient arabes ou pas. Sauf que dans lesdits pays la réalisation de tels projets, certes fort coûteux, se fait non seulement nettement à moindre coût, mais encore selon des techniques de pointe, outre dans des délais raisonnables. L’on ne peut malheureusement nier qu’en Algérie, tous les projets en question battent de l’aile à tous les niveaux, y compris celui de l’achèvement et donc la mise en service.
Les dérives pharaoniques des anciens dirigeants de Sonatrach
Point n’est besoin d’entrer dans les détails des prélèvements et autres gaspillages tout au long du déroulement de chaque projet lancé, d’ailleurs toujours ou presque en usant de la formule du "gré à gré" et sans études préalables contradictoires. Point n’est besoin d’être grand clerc dans telle ou telle autre spécialité pour le savoir. La presse, surtout depuis quelques années n’avait pas manqué d’avoir le courage de livrer à l’opinion publique, une cascade de scandales, que le « modèle » de développement, prévalant en Algérie, singulièrement depuis 1999, avait connus et les sommes astronomiques détournées et/ou gaspillées. Cela va de l’affaire du pseudo golden-boy Moumen Khalifa, qui se prélasse, à l’instar d’un maharadja en Grande-Bretagne, son pays natal à celle de l’autoroute est-ouest, en passant par les dérives pharaoniques des dirigeants de la Sonatrach, en particulier Chekib Khélil. Rappelons qu’aucun aigrefin en chef n’avait été inquiété face à la justice et ce quel que soit le dossier traité dans ces très graves affaires de prévarications et de détournements des fonds publics, donc de l’argent du peuple algérien. Et pourtant, il existe en Algérie un Etat, chapeautant apparemment, les mêmes institutions que dans n’importe quel pays considéré comme fiable, voire moderne…
Des "parlementaires" aux ordres
Seulement, lorsqu’on analyse méthodiquement et pragmatiquement de telles institutions, l’on découvre avec effroi que tout est bidon, par rapport à ce qui se passe ailleurs. Et ce qui interpelle le plus l’observateur, c’est singulièrement la césure de plus en plus béante qui éloigne le gouvernant du gouverné. Cette fracture est d’autant plus réfractaire au colmatage que la société civile, bien qu’elle existe, est totalement et radicalement ignorée dans les faits. Parmi les quelque 80.000 associations locales et nationales agréées en Algérie, seules 1500 environ parviennent à activer non sans posséder quelques moyens de travail : siège, secrétariat, etc… Par quel miracle arrivent-elles à fonctionner ? Les éléments les composant seraient-ils des supermen ? Que nenni ! S’ils réussissent à activer, c’est parce qu’ils sont structurés dans quelque officine sous la coupe de pouvoir. L’on est même autorisé à dire que des universitaires, de plus en plus nombreux, se transforment subrepticement en "chiens de garde" comme dirait Paul Nizan. Décidément, l’argent qui coule à flot dans le pays parvient à acheter pas mal de consciences, pas seulement celles des "parlementaires", d’ailleurs prêts à jouer leur rôle de faussaires avant même leur "élection" laquelle, comme chacun le sait relève du théâtre d’ombres…
Au demeurant, l’Algérie ne sera en mesure de construire une économie viable et fiable qu’à la condition expresse de régler le pesant problème de la légitimité quelle tire derrière elle, comme un boulet que le temps rend de plus en plus lourd. L’on me dira que des réformes sont envisagées depuis quelques semaines et que des consultations ont eu lieu dont les résultats seront incessamment exploités en vue de rédiger de nouveaux textes susceptibles de conduire le pays à la délivrance.
A vrai dire, il n’en est rien, tout simplement, le régime dont il est question est congénitalement inamendable. Ce n’est point exclusivement une question d’hommes, mais aussi et surtout de système. En d’autres termes, il s’agit de créer une nouvelle Algérie et partant une première République authentiquement sociale et plurielle. Et c’est sa pluralité même qui lui permettra de puiser aussi bien sa force que la puissance de sa justice, de son économie et de son système éducatif lequel sera le creuset de l’unité nationale non seulement à travers la diversité, mais grâceà celle-ci parce que partout constituant le ciment des grandes nations. Enfin, l’économie fiduciaire est quelque chose d’insignifiant par rapport à l’économie réelle reflétant la nature même de l’Etat et donc celle de la société civile. L’Algérie est parfaitement capable d’édifier un tel futur dans la mesure où ses soubassements historiques y sont propices. Mais cela suppose l’intervention d’hommes nouveaux œuvrant non pas isolément, mais avec l’aide de certains de leurs aînés ayant prouvé indéniablement leur patriotisme et leur sens viscéral de la justice. Cessons de pérorer sur ce qui est secondaire au détriment de l’essentiel !
Anis Sabri
Commentaires (3) | Réagir ?
Je trouve ça juste scandaleux ce que vous dîtes " Cela va de l’affaire du pseudo golden-boy Moumen Khalifa, qui se prélasse, à l’instar d’un maharadja en Grande-Bretagne, "
Vous êtes journaliste monsieur Sadri non? Alors vous vous devez de vous renseigner un peu sur l'actualité et ne pas inventer pour satisfaire vos lecteurs et créer un scoop complètement faux. Non monsieur Khalifa ne se prélasse pas tel un maharadja il est plutôt en prison depuis 4 ans et la justice n'a toujours pas été rendue pour prouver son innocence
Monsieur Sabri, ce que vous dites sur le régime est tout à fait vrai, dans sa composante humaine et dans le système que cette composante a conçu au départ pour s'engluer dedans à l'arrivée, et le répéter est nécessaire pour un bon éclairage des choses
Mais disserter sur des sujet importants en économie et proposer des solutions n'est pas un acte de diversion comme vous semblez le penser, mais un débat nécessaire entre tous les citoyens ne serait ce que pour donner un contour logique à ce devenir commun. Se priver de toute proposition concrète sur des sujets qui touchent au quotidien du citoyen et au devenir du pays dans quelque domaine que ce soit, ne sert pas la cause que vous déclarez défendre, bien au contraire il transforme toute opposition en sédition sans autre objet que l’éviction politique d'un groupe au profit d'un autre, et désertifie le champ politique de toute alternative crédible au régime, ce qui ne sert que ledit régime ou les chauves-souris intégristes qui n'ont pas plus de choses à proposer que le régime si ce n'est le retour vers le moyen âge intégral.
En parlant de démocratie, il n'est pas nécessaire d'attendre le départ du régime pour essayer de placer un avis sur l’économie nationale, et nul n'est en position ni en droit dans une démocratie de décider de ce qui est utile ou inutile à une période donnée de l'histoire de la nation, la démocratie dicte justement de laisser à chacun le choix de ses actes et action et de leur opportunité, dans le cas contraire ce n'est plus un projet démocratique qui est pressenti mais le remplacement d'un despotisme aux contours définis par un autre aux contours indéfinis.
Monsieur Mebtoul dont je ne partage pas toutes les opinions sur l’économie, mais dont je respecte l'assiduité a choisi de s'investir dans la critique fondée de l’économie telle que pratiquée par l'actuel régime, c'est son droit le plus absolu. Qu'il ait tort ou raison dans ses analyses, l’empêcher de le faire revient à piétiner les droits d'un citoyen économiste en matière d'expression dans son domaine de compétences, en sus de réduire le débat à ce qu'on croit être opportun de manière unilatéral comme le fait le régime justement, et surtout le réduire à sa plus simple expression : le départ du régime.
Même si je suis partisan de son départ en enfer de préférence, je ne suis pas partisan de réduire le débat national à un slogan sans contours précis et sans alternative claire, et surtout pas partisan d’empêcher qui que ce soit de donner sa vision des choses, ou obtempérer au désir de quelqu’un d'imposer exclusivement la sienne, auquel cas j'aurais rejoint le pouvoir en place.
Je crois que la principale force des gens du régime se trouve dans cette propension de la société Algérienne à secréter les instruments de son propre asservissement.
Tout d’abord, je vous remercie, monsieur Aït Ali, de vous être intéressé à mon commentaire mis en ligne en évidence, par Le Matin, et concernant la contribution en économie de monsieur Mebtoul. Parmi les 2865 lectures qui ont été faites jusqu’à aujourd’hui à 18 heures, seule la vôtre a suscité des réserves, non pas sur le fond, d’ailleurs, mais sur des détails qui prêtent, semble-t-il, à équivoque. Apparemment, deux passages du texte considéré vous ont paru constituer une attaque en règle contre lui. Le premier le voici : « M. Mebtoul continue, décidément, à tourner en rond, presque quotidiennement, à comparer des choses incomparables ». Quant au second passage, il était libellé comme suit : « A lire M. Mebtoul et d’autres économistes amoureux des chiffres et des comparaisons totalement inadéquates, c’est tout bonnement perdre son temps et s’adonner à un exercice de style nécessairement stérile ». En quoi de telles appréciations vous ont-elles heurté, dans la mesure où la critique dans l’enseignement supérieur, appliquée aux sciences sociales et humaines, est plus qu’une nécessité, voire un sacerdoce. C’est que la matière sur laquelle on travaille est extraordinairement complexe et mouvante. Si pour la psychologie, par exemple un laboratoire suffirait pour arriver à une évidence, par contre l’analyse des groupes à grand diamètre ne peuvent être disséqués et appréhendés correctement qu’en s’adonnant à la comparaison Mais pas n’importe laquelle : comparaison n’est pas raison comme le disent certains savants. La science économique coupée du réel n’a qu’un seul but implicite ou explicite (c’est selon) : rendre les choses encore plus absconses et plus opaques. Pour éviter de tomber dans le piège, il est nettement préférable d’opter plutôt pour l’économie politique. Et ce ne sont pas les fondateurs de celle-ci, ainsi que les continuateurs qui me contrediraient, d’autant plus si l’on n’ignore pas que celui qui a contribué le plus à sa fondation était un professeur écossais de philosophie morale, Adam Smith, notamment à travers son célèbre ouvrage Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776). C’est incontestablement le premier traité du capitalisme libéral, sans lequel Karl Marx n’aurait jamais pu écrire son célèbre Le Capital paru en 1867 et auquel s’ajoutent deux autres tomes réalisés par Engels, grâce à des notes laissées par Marx, et publiés respectivement en 1885 et 1894. Je donne ces informations juste pour mon argumentaire, sans omettre de rappeler que Marx, lui-même, était docteur en philosophie…Et que dire du grand savant allemand, Max Weber, le fameux auteur de l’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme paru en 1905 et suivi par Economie et société, paru en 1922. Son érudition et sa maîtrise des langues étrangères l’ont fait qualifier de « Monstre du savoir », sans exagération. Et tout près de nous, citons Jacques Attali qui, pour éclairer un journaliste lui demandant que doit-on faire pour comprendre l’économie, lui a tout simplement répondu, textuellement : « Pour comprendre l’économie, il faut d’abord comprendre autre chose ». Il suffirait de se référer à ses dizaines de livres publiés, dont certains sont en vente dans les librairies algéroises, pour appréhender le sens de sa réponse. Quoi qu’il en soit, chez nous l’un des rares économistes ayant réussi avec brio à intégrer l’anthropologie culturelle dans sa vision économique appliquée à la société algérienne, c’est Ahmed Henni à travers en particulier son stimulant ouvrage, Le cheikh et le patron, paru en 1993. Tous ces détails bibliographiques ont été livrés dans le seul but de lever le malentendu qui s’est instauré dans votre lecture. Par conséquent, il ne vise en aucune façon de priver qui que ce soit « de toute proposition concrète sur des sujets qui touchent au quotidien des citoyens et au devenir du pays dans quelque domaine que ce soit… » Là vous me faites un procès d’intention en écrivant de telles choses, dans la mesure où j’affirme exactement le contraire. C’est qu’une proposition concrète ne peut être intelligemment élaborée qu’en partant du réel rigoureusement concret. Et ce n’est qu’à partir de là que l’on est en mesure de percevoir ou d’esquisser le réel possible, en un mot le devenir et de société et du citoyen. L’on peut tout faire avec les statistiques utilisées sans discernement, comme n’a pas manqué de l’affirmer non sans une pointe d’humour le grand économiste Ernest Mandel : « les statistiques c’est comme le bikini, elles montrent tout, mais cachent l’essentiel ». Au demeurant, c’est en s’éloignant de la réalité tangible que l’intellectuel risque d’aider ceux qui utilisent l’Etat à leur profit, après l’avoir privatisé, de rendre possible et même probable « l’asservissement » de la société, pour reprendre votre terme. Et quel est l’acteur le plus à même d’éclairer véritablement la société sur son destin, et lui permettre, ainsi, d’éviter de tomber dans le traquenard, sinon l’intellectuel authentique, qui doit de ce fait, non seulement affronter sereinement la critique, mais encore la rechercher. Mais faut-il encore qu’elle soit constructive et stimulante. Ne dit-on pas que « de la discussion jaillit la lumière ». Cordialement.