Le président du Snapo : “Nous sommes fatigués de recenser les pénuries de médicaments”
Messaoud Belamri, président du syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (Snapo) a plaidé lors d’un entretien avec le quotidien Liberté pour une réforme profonde du secteur du marché du médicament précisant que le modèle actuel a prouvé son inefficacité et la situation est en train d’empirer de jour en jour. Ce qui contredit les propos rassurants du ministre de la Santé.
En connaisseur du secteur, Messaoud Belambri, a révélé à Liberté, l’existence de lobbies dans le marché du médicament. Selon le président du Snapo, ces lobbies ne sont attirés que par l’importante enveloppe financière allouée au médicament. Elle est estimée à près de deux milliards de dollars chaque année.
Constitution de stocks de médicaments
Il existe, explique-t-il, des monopoles, des exclusivités, des statuts juridiques qui ne répondent plus aux réalités du terrain, notamment le statut d’importateur et de grossiste. Messaoud Belamri précise : “En plus, le secteur de la distribution et de l’importation est pratiquement exempt de toute qualité morale, le médicament est traité comme une denrée commerciale équivalant à toute autre matière et là c’est impensable”. Aussi, le président du Snapo, qui en appelle à un assainissement du secteur, dénonce les ventes concomitantes et les rétentions de stocks, ce qu’il juge inadmissible dans le secteur du médicament parce qu’il s’agit, avant tout, de la santé du citoyen et d’un système de santé publique.
La situation devrait empirer
Aussi pour compléter son implacable analyse du secteur, il a plaidé pour une réforme profonde du secteur du marché du médicament, estimant que le modèle actuel est inefficace. Selon le président du Snapo, la situation, est en train d’empirer de jour en jour. “Nous sommes fatigués de recenser les médicaments qui ne sont pas disponibles, les médicaments en rupture, il faut penser à instaurer des outils de régulation, instaurer des procédures de suivi et de contrôle”, dira-t-il.
Les causes de la pénurie de médicaments qui perturbent le marché sont identifiées. “Nous avons énuméré un certain nombre d’anomalies, le statut d’importateur grossiste implique sur le terrain une sorte d’exclusivité, il y a aussi le phénomène de rétention des stocks. Certains distributeurs dominent le marché, ils ont de grands pouvoirs financiers, ils ont les capacités de stockage, d’achat, de financement. Ils procèdent à la rétention des stocks et ensuite à la vente concomitante. On peut, carrément, dire qu’ils contribuent à créer la pénurie”, accusera-t-il. Il y a aussi le monopole sur la distribution qui créé inévitablement des tensions sur le marché.
“Aujourd’hui, a-t-il encore précisé, il y a une course entre plusieurs grossistes pour accaparer certaines fins de série de médicaments importés. Lorsqu’un importateur importe le dernier lot de l’année qui va être disponible sur le marché, le distributeur accapare donc toute l’importation ou bien même, parfois, la production annuelle d’un producteur. Ils ont les moyens, ils payent à l’avance, ils achètent la production et créent la pénurie”.
Evoquant l’importance du contrôle, Messaoud Belambri a expliqué que c’est un domaine qui relève du ministère de la Santé. “Nous avons toujours interpellé les pouvoirs publics et appelé à ce qu’ils exercent le contrôle sur le secteur, les opérations de suivi, il y a des praticiens inspecteurs dépendant du ministère qui ont déjà été envoyés dans ce genre de mission pour situer les dysfonctionnements. Cela a aidé à régler quelques problèmes mais cela n’a pas mis fin aux pratiques que nous avons dénoncées”.
B. N.
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Quand la douane dit que 60 % des produits importés sont contrefaits : il y a de quoi être inquiet !
Où sont les protecteurs de la nation ?