"Loi" sur la criminalisation du colonialisme : le dernier bobard d'Alger
Le pouvoir algérien a trouvé son loto : le projet de "loi" sur la criminalisation du colonialisme. C'est pas cher, c'est pratique et ça peut rapporter gros. C'est pas cher car ce ne sont que des mots et cela ne restera que des mots. Le gouvernement algérien n'a aucune intention de promulguer une telle "loi" qui le couperait de l'Elysée et qui ouvrirait les boîtes de Pandore redoutables : les archives sur les responsabilités de certains de nos dirigeants dans les actes inavouables durant la guerre de libération.
D'ailleurs le texte a été adressé par l’Assemblée au gouvernement pour « avis » et le gouvernement, qui dispose de deux mois pour faire connaître sa réponse, devrait répondre dans le courant de la semaine par la négative.
Mais alors pourquoi avoir agité l'épouvantail ? Parce que, comme le loto, ça peut rapporter gros : un nouveau soutien extérieur à Bouteflika. Devenu infréquentable pour la France (et donc pour l'Europe), en disgrâce depuis l'annulation par Sarkozy de la visite de juin dernier, Bouteflika a besoin de regagner les faveurs de l'Elysée. La "loi" sur la criminalisation du colonialisme est d'abord un chantage à l'adresse de la France : "Aime-moi de nouveau ou je balance tout ! " Abdelaziz Ziari, le président de l’APN l'avait confirmé il y a quelques semaines en déclarant que « l’adoption du projet dépendra de la circonstance et de la conjoncture dans lesquelles nous serons à ce moment là. Le gouvernement dispose de deux mois pour répondre positivement ou négativement (…) sa marge d’appréciation est importante ».
Autrement dit : " On attendra la raction de l'Elysée."
On le croit volontiers.
En mai 2009, le même Abdelaziz Ziari, envoyé à Paris pour préparer la visite (qui sera annulée) de Bouteflika, affirmait que la repentance “n’est pas à l’ordre du jour”. Il n'était alors pas question de "loi" sur la criminalisation du colonialisme, mais de faire bien recevoir Bouteflika qui se savait devenu infréquentable depuis son coup de force constitutionnel.
M. Kheireddine Boukherissa, le président de la Fondation du 8-Mai-45, avait alors réagi en solo : " M. Ziari était-il délégué par le président de la République pour tenir ce discours? Si oui, nous sommes en mesure de demander des explications au président de la République..." Mais, plus loin, ayant réfléchi : " M.Ziari persiste à dire qu’il a parlé en France au nom de l’Algérie officielle. Sur ce point, j’ai beaucoup de doutes. Je comprend bien que le président de l’APN ait reçu des orientations de la part de M.Abdelaziz Bouteflika avant son déplacement. Je ne pense pas qu’il lui ait demandé de reléguer la question de la repentance au dernier rang. Nous suivons les discours des uns et des autres. Nous ne pensons pas que le président de la République ait changé de position."
L'avantage de la mémoire courte, c'est qu'il vous assure une belle carrière politique!
Mais bien sûr, M. Boukherissa, que Abdelaziz Bouteflika a demandé à Ziaride reléguer la question de la repentance au dernier rang.
Et aujourd'hui, n'ayant pas reçu de signes de Sarkozy, Bouteflika relance le chantage autour de la "loi".
Aussi, assiste-t-on depuis quelques jours, aux tartarinades colériques et tout à fait superficielles des dirigeants algériens.
Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, a ainsi affirmé, lundi 26 avril à Alger, que le dit projet de loi portant criminalisation du colonialisme « suit son cours ». « Le texte suit son cours normal avant d’être soumis à adoption », a-t-il cru utile de préciser.
Mais oui, mais oui...
L.M.
Commentaires (44) | Réagir ?
Mr A. Belkhadem est un grand prétendant des prochaines éléctions présidentielles en Algérie. Et lui mémes est un grand.
Quel paradoxe!on veut criminaliser le colonialisme, et on oublie tous les crimes commis par ce système qui a enfanté des monstres et de véritables machines à tuer. Ce que vous faîtes endurer au peuple est pire que le colonialisme. Oui, vous avez ensanglanté le pays tout entier par votre politique de terreur. Continuez à profiter des richesses de cette terre sainte, mais arretez votre cinéma. La france, votre loi, si elle arrive à être adoptée, ne nuira ni à son rang de puissance économique ni à sa démocratie que nous envions. De gràce, ne prenez pas le peuple pour des mineure ou des attardés mentaux.