Présidentielle en Tunisie, Ben Ali accentue la répression

Présidentielle en Tunisie, Ben Ali accentue la répression

Les élections présidentielles et législatives en Tunisie sont une formalité et une grande farce, c'est en ces termes que la grande partie des acteurs politiques, journalistes et militants des droits de l’homme en Tunisie définissent les prochaines échéances électorales. Les dés sont pipés et le résultat est connu d’avance. Ben Ali obtiendra sans aucune surprise un nouveau mandat compte tenu du déséquilibre du rapport des forces sur l'échiquier politique tunisien et de l’influence sur la société du parti au pouvoir le Rassemblement constitutionnel démocratique.

La seule donnée inconnue du scrutin du 25 octobre prochain est le score du président « sortant». En 1989 Ben Ali avait obtenu 99,27% des suffrages, 99,91% en 1994, 99,44% en 1999 et 94,49% en 2004.

Les agressions contre les opposants se multiplient

La campagne est marquée par de très graves atteintes à la liberté d’expression. Les pressions, intimidations, agressions physiques contre les opposants se multiplient.Le 20 octobre, les autorités ont arrêté le militant des droits humains, Zouheir Makhlouf, et correspondant du journal en ligne Sabil, pour "outrage à d'autres personnes via un réseau public de télécommunications"suite à ses écrits sur les problèmes d'environnement dans la ville industrielle de Nabeul. L’arrestation de ce journaliste, qui dénonce régulièrement les violations répétées des droits humains, révèle la répression quotidienne des droits et des libertés des citoyens. Zouheir Makhlouf a fait l’objet à plusieurs reprises d’attaques violentes et de menaces de mort.

Le journaliste Ziad El Hani a également subi une série d’attaques. Le 15 octobre, il a été agressé physiquement par des individus en civil. Il subit actuellement une campagne de diffamation menée par des journalistes du journal El Hourriya, après avoir publié un article sur le harcèlement subi par une journaliste de la part de son directeur.

Une autre journaliste et militante, Sihem Bensedrine, a été violemment agressée le 21 octobre par des policiers en civil. Ils l’ont ainsi empêchée d’entrer au siège de l'Association tunisienne des femmes démocrates, où elle assurait une formation au monitoring des médias pendant la campagne électorale. Quelques jours auparavant, le vendredi 16 octobre, Mme Bensedrine et son mari Omar Mestiri avaient été retenus pendant plusieurs heures par une équipe spéciale de la Garde nationale près de la ville de Tabarka, alors qu'ils étaient en train de réaliser un reportage sur les élections pour Radio Kalima.

Le 22 octobre, les autorités ont procédé à la fermeture d’une autre radio, Radio 6, mettant sous scellé son siège sis à Tunis et saisissant son matériel. Par ailleurs Radhia Nasraoui, avocate et présidente de l'Association tunisienne contre la torture, a été empêchée de se rendre en France pour participer à un séminaire organisé par le Parlement européen. Les autorités ont utilisé le prétexte d'une plainte contre elle et son mari, Hamma Hammami, secrétaire général du Syndicat des travailleurs tunisiens du Parti communiste depuis 2008.

Les photos d’Ahmed Ibrahim, secrétaire générale du Mouvement Attajdid et candidat de l’initiative Nationale démocratique aux élections présidentielles ont été déchirées, le même sort a été réservé aux listes des candidats aux élections législatives de la même formation politique.

La presse étrangère n’est pas mieux lotie. La journaliste du quotidien français "Le Monde", Florence Beaugé, a été refoulée à son arrivée à l'aéroport de Tunis alors qu'elle venait couvrir les élections présidentielles et législatives du 25 octobre en Tunisie. La journaliste n’a reçu aucun motif de son refoulement. Elle pense que cela est dû à la publication d’une série d'articles et des entretiens avec des opposants qui ont critiqué sans ménagement la politique de Ben Ali.

Ben Ali règne en maître absolu sur la Tunisie depuis 22 ans

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat « médical » le 7 novembre 1987, Ben Ali avait procédé à la réforme de la constitution le 26 mai 2002 pour supprimer la limite de nombre de mandats successifs pour le président sortant, ce qui lui donne le droit de briguer un cinquième mandat. La campagne électorale, à la fois pour l’élection présidentielle et pour les législatives s’est officiellement ouverte le dimanche 11 octobre et se clôturera la veille des élections. Pour la présidentielle, quatre candidatures ont été validées par le Conseil constitutionnel : Le président sortant Zine El-Abidine Ben Ali pour le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), Mohamed Bouchiha du Parti de l’unité populaire (PUP), Ahmed Inoubli de l’Union démocratique unioniste (UDU) et Ahmed Brahim pour Ettajdid (ancien parti communiste). Hormis ce dernier, qui reste le seul véritable candidat de l’opposition, les autres candidats ne sont là que pour donner une légitimité à ce simulacre scrutin.Notons, c’est une première en Tunisie, les quatre candidats à la présidence bénéficient d’une heure d’antenne afin de présenter leur programme, en direct à 20h30 sur la chaîne publique Tunis 7.

Condamnation du WGFENA

Le Groupe de Travail sur la Liberté d’Expression en Afrique du nord « WGFENA » s’inquiète de cette persécution des journalistes dans un contexte préélectoral. Il craint que qu’elle ne vise à réduire au silence les médias indépendants, au moment où ils sont appelés à jouer leur rôle en éclairant l’opinion publique sur un acte citoyen de première importance.

Il condamne avec fermeté ces graves atteintes à la liberté de la presse, et exige des autorités tunisiennes l’annulation des condamnations et des poursuites judiciaires à l’encontre des journalistes et des militants des droits humains. Il exprime aux journalistes et militants persécutés son entière solidarité.

Amirouche Nedjaa

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Commentaires (26) | Réagir ?

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HADJ - MESSAR $ CANADA $

Les élections présidentielle et législatives de dimanche en Tunisie ont été "honnêtes et transparentes" comme ceux de L’Algérie du 09 Avril 2009 au cours desquelles le peuple tunisien a exprimé sa volonté et son choix, a déclaré lundi le ministre tunisien de l'Intérieur, M. Rafik Hadj Kacem. "Les élections ont été honnêtes et transparentes, au cours desquelles le peuple a exprimé sa volonté et son choix", a affirmé M. Hadj Kacem lors d'une conférence de presse après l'annonce de la réélection de M. Zine el-Abidine Ben Ali, pour un 5e mandat, à la tête de la magistrature suprême, et l'obtention de la majorité des 214 sièges de la Chambre des députés par son parti le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Felcitations aux Peuples Frèeres Algerien et Tunisien. Lancé par Mon I-PHONE (C) --SANS RANCUNE -- (rassem054@yahoo. fr)

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sam

les dirigents arabes sont des dictateurs et leurs peuples sont ignorant. levez vous peuple arabe

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