"Le juge commence par demander à Rachid Fodil s'il fait la prière..."
Dans un communiqué, l'aile Benissad de la Ligue algérienne des droits de l'homme (Laddh) nous raconte les procès de deux prévenus accusés d'atteinte à l'islam.
La contrainte en vertu ne donne pas de vertueux et la contrainte en croyance ne donne pas de croyants. Seule la liberté est la base de la décision. ''Nulle contrainte en religion''.
Le procès de Rachid Fodil et de Hicham Daif le 31/01/17 commence à 11h15 et finit à 12h30. Les prévenus sont appelés par le juge qui a lu les chefs d'accusation d'atteinte à l'islam et à son prophète (qsssl), en vertu de la loi 144 bis de 2006.
Le juge commence par demander à Rachid Fodil s'il fait la prière. Ce dernier répond par oui ajoutant qu'il lit aussi le Coran. Le juge : "en tout cas il nous importe peu si tu fais ou non la prière et personne n'est infaillible". Puis récita un verset du livre. Alors il demande au prévenu son niveau scolaire. Il répond 'terminal' puis le juge lui demande d'expliquer l'accusation dont il fait l'objet. L'accusé répond : "j'ai été traumatisé par l'éducation trop sévère de mon père pendant mon enfance et mon aversion pour lui est exacerbée depuis qu'il a pris une seconde épouse malgré ma mère. Ma curiosité m'a poussé à étudier des pages sur l'athéisme et je me suis retrouvé sans me rendre compte à ouvrir une page sur facebook ''Le Coran en dialecte algérien''.
Le juge donne la parole au procureur adjoint qui intervient en disant que le parquet plaide au nom du peuple algérien, que la société algérienne est musulmane par la force de la constitution. Il admet la liberté de conscience avec cependant des lignes rouges, et tout ce qui touche au Coran et la Sunna, même venant d'un pays étranger, est inacceptable, argumentant avec un verset coranique qui énonce que chacun est libre de croire ou de non croire, mais requiert une punition sévère pour les deux accusés.
La défense de Rachid Fodil est assurée par deux avocats: maitre Seif el islam Cherbal (de Sétif) et maitre Amirouche Bakouri (de Bejaia) se scinde en deux parties.
La première concerne le volet juridique :
1- La défense plaide que l'article 144 bis de 2006 parle de nuire à l'islam mais sans textes juridiques précisant cette accusation de nuire à l'islam. Il était plus judicieux de demander l'avis (fatwa) du ministère des Affaires religieuses si ce qu'à dit ou écrit Rachid Fodil est considéré comme moquerie ou insulte à l'islam ou non. Il donne l'exemple de ce qu'avait dit Abdelmadjid Sidi Saïd comme insulte à l'islam ?
2- La défense s'est aussi appuyée sur le rapport du juge d'instruction qui comprend une phrase qui résume toute l'affaire: '' l'accusé est affecté par les analyses des incroyants en particulier les étrangers de confession juive qui nuisent à l'islam et ce avec des preuves qu'ils apportent dans leurs analyses.''
3- La défense soutient aussi dans son plaidoyer que cette affaire n'est pas pour la liberté d'expression mais pour l'athéisme. Et la loi algérienne ne punit pas pour l'athéisme.
4- Pour ce qui est de l'expertise du psychologue, elle conclut que le cas de Rachid Fodil requiert un suivi psychologique.
Deuxièmement, du point de vue idéologique et religieux :
1- La défense a relevé l'état actuel des fatwas religieuses, et tout ce qui s'est passé durant la décennie noire au nom de l'islam, de tuerie et de terreur contre des innocents, surtout que son père a fait deux fois la prison pour son implication dans le parti dissous, et tout cela a influé sur le raisonnement de Fodil.
2- La défense s'est interrogée si le vin est haram alors qu'il se vend avec l'autorisation de l'État, si les intérêts bancaires est haram alors les banques le pratiquent légalement. Les écoles de musique sont ouvertes, les milliards sont dépensés chaque année pour des fêtes de chants alors que des 'fatwas' déclarent cela haram. Est ce cela aussi est contre l'islam ?
Et enfin la défense a demandé que le verdict soit plus équitable et qu'il se penche plutôt vers l'usage plus que vers la loi qui peut être injuste ou même inerte parfois.
Puis le juge passe à l'accusé Daif Hicham auquel il demande son niveau.''Troisième année moyenne''. Quant à l'accusation, il répond qu'il est allé au magasin de Fodil Rachid, qu'il a consommé du vin avec lui pour sa première fois d'ailleurs. Et lorsque Fodil a commencé à réciter la sourate 'la Fatiha', moi je répétais l'expression ''Dieu pardonnez moi'' et cette vidéo prise avec le téléphone.
L'avocat de Daif Hicham est maitre Abdelghani Othmania. Il soutient que son client était sous l'emprise de l'alcool et n'avait nullement l'intention de nuire à l'islam. Pour cela il demande l'acquittement pour son client.
Le juge prononce le report du verdict jusqu'au 07 février 2017. Pour cela, la LADDH bureau de M'sila (aile Noureddine Benissad).
1- Dénonce la politique deux poids deux mesures puisque beaucoup ont porté préjudice à l'islam, parmi lesquels de hauts dirigeants de l'État, sans qu'ils soient inquiétés outre mesure.
2- Demande au ministre de la Justice, garde des seaux de revoir l'article 144 bis de 2006.
3- Relaxer les prévenus.
Pour la LADDH, bureau de M'sila.
Amroune Layachi
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