L'Algérie ou "le sous-développement durable"

Sidi Saïd faisant courbette.
Sidi Saïd faisant courbette.

Nous savons pourtant, depuis la Grande Dépression, que l’austérité ne fonctionne pas. Le Fonds monétaire international [FMI] en a refait la démonstration plus récemment [lors des dernières crises monétaires] en Amérique latine et en Asie, et c’est à nouveau le cas actuellement en Europe. Ce qui est stupéfiant, c’est qu’autant de dirigeants politiques continuent malgré tout d’appuyer ces politiques discréditées, même si des voix aussi conservatrices que le FMI leur disent aujourd’hui que leur austérité est dangereuse et qu’il faut s’occuper de toute urgence de stimuler l’économie. C’est comme si les gouvernements avaient cessé d’écouter." Joseph Stiglitz - Economiste et Prix Nobel d'économie

En attendant – et on peut toujours attendre - que l’on nous dise où sont passés les 10 milliards de la Caisse nationale de retraite placés, entre 1999 et 2001, chez El Khalifa Bank en banqueroute et, en attendant un signe de bonne volonté du baril de pétrole, un baroud d’honneur d’une APN taillable et corvéable à merci et une réaction d’une classe politique moribonde affairée plutôt à préparer les élections législatives de 2017, le pouvoir fait ce qu’il veut et quand il le veut. Son gouvernement nous traite de fainéants. De parasites. D’oisifs …

Sellal, Chef de gouvernement à ses heures, depuis son séjour à La Havane et son tête-à-tête avec Castro, alias Lider Maximo, a laissé ses blagues au vestiaire, se montre intransigeant et, droit dans ses bottes, déclare : "L’Etat ne volera plus au secours de la Caisse nationale de retraite". Les Algériens voudraient aussi voir "l’État" arrêter de voler, tout court.

Le Premier ministre omet de rappeler que ce même "Etat" avait bien volé au secours de ceux qui ont joué à la roulette russe à l’algérienne avec les fonds de la Caisse de retraite. Pour ceux qui l’auraient oublié, je fais allusion à Sidi Saïd Premier, éternel empereur de l’Ugta et ses comparses.

C’est inouï, cette propension des décideurs à toujours vilipender la «populace» et à lui faire payer ce qu’elle n’a pas «mangé». Ils ont, comme qui dirait, cette "force du visage"… Ya bou Rabb ! Surprenez-nous, les gars ! Démontrez aux Algériens le contraire de ce qu’ils pensent de vous ! Donnez-nous un motif, une raison de vous croire, de rêver, d’espérer entre deux désespoirs ! Ce ne sont tout de même pas les pauvres travailleurs qui ont lancé une météorite depuis le cosmos pour creuser ce cratère dans la Caisse de retraite. Ils ne gèrent rien, ils ne négocient rien, ils ne décident rien, les travailleurs. C’est tout juste s’ils arrivent à gérer leur salaire de misère et à négocier un crédit avec l'épicier du coin, pour survivre jusqu’à la saison nouvelle !

Quand la crise fut venue … pas un seul petit dollar… Ils allèrent crier "Amine ! chez le peuple en manque de vitamines… Les caisses sont «vidées». C’est la "rigueur" budgétaire. Il n’est pas évident de faire confiance à un pouvoir qui parle de rigueur budgétaire, lorsque celui-ci a passé son temps à jeter l’argent pas les fenêtres, à multiplier les gabegies, à graisser la patte de ses clientèles et à laisser se développer et se propager la corruption à telle enseigne qu’elle est en passe de devenir le premier "budget" de l’État.

Ces quinze dernières années, l’Algérie, a engrangé une manne financière à donner le vertige : quelque 800 milliards de dollars qui auraient pu servir à enclencher une dynamique sérieuse de développement durable et intelligent de notre pays. En contrepartie, au final et, malgré l'autoroute est-ouest, malgré le métro d'Alger, malgré sa nouvelle mosquée, la plus grande d'Afrique et la troisième du monde, malgré le quatrième mandat, malgré un cinquième, ce pouvoir, corrompu et corrupteur le maintient et le condamne au sous-développement durable, pendant que nos voisins avancent et se développent...

R. Zenati

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Commentaires (3) | Réagir ?

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mhand said

bravo, mas zenati. tu as presque tout dis. mais helas, ces gens, d en haut, sont autistes, sourds et aveugles, mais ne se trahissent jamais entre eux.

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khelaf hellal

L'UGTA, le Syndicat-Etat et fossoyeur des masses laborieuses et du prolétariat en Algérie. Il a enterré le SGT et son slogan de tous les temps : A travail égal salaire égal pour se plier aux exigences de la mondialisation économique néolibérale qui a entrainé la précarité et les discriminations salariales, qui a dénaturé les valeurs du travail, de l'effort et qui a généré des différences de classe même au niveau des retraites dont la Nomenklatura nationale en tire le plus grand profit avec ses retraites dorées, ses cumuls de prébendes et les privilèges associés.

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