Porte-toi bien belle Oran !

Oran, la perle de l'ouest
Oran, la perle de l'ouest

À Oran, on n’a pas le temps à la culture, ni au raffinement. Tout le monde court, épris de quelque chose. Pris de court par la mal-vie du quotidien, ils trouvent quand même, le temps de vibrer au rythme du mauvais Rai. De jour comme de nuit, des "voitures discothèques" te déchirent les tympans par cette musique devenue hélas, celle la débauche et de la décadence. Un Rai sorti carrément des rails des convenances et de la bonne parole, celle héritée des "Chioukh el melhoun", et auxquels il prétend se référer. Les cinémas, les théâtres sont délaissés, la culture à Oran, n’est que de beaux souvenirs! Non ! Oran telle qu’elle est pensée et vécue n’inspire plus ! Rohi ya wahran, rohi Besselama..

Par le Pr Mourad Chaalal

Le pourrissement des mœurs que vit Oran me laisse perplexe. Comme si l'on avait échangé un peuple par un autre. Les Oranais d’antan se sont éclipsés devant une composante humaine virulente, sans goût ni bonnes manières. Ayant débarqué d'un autre âge ou d'une autre planète, peut-être ! Elle souffre d’une effroyable inculture et se trouve complètement désorientée. Elle a envahi les marchés, les rues. Elle gueule au lieu de parler et elle insulte au lieu d'informer.

L'administration oranaise est infectée, elle aussi, par cet esprit malsain, du dédain gratuit et d'incompétence qui se cache derrière le "Chiki ", c’est-à-dire, l’arrogance déplacée et le "Chkil", c’est-à-dire, n'importe quoi. Un sentiment qui te met mal à l'aise. À Oran, on y respecte que le chakra et ceux qui la portent. Cette ville, capitale de l'Ouest, n’assume plus son rôle en tant que telle, elle me fait vraiment de la peine. Elle rejette ceux du coin, avec lesquelles elle partage pourtant, le pain et le destin. Oran est perdue dans l'histoire et se retrouve étourdi, au point de se tromper complètement de géographie.

Je ne reconnais plus Oran, la radieuse, la joyeuse, Oran la généreuse. Ville de ma jeunesse et de mes souvenirs les plus tendres. Pour beaucoup, Oran est devenue une ville méconnaissable. Là où je mets les pieds, je ne vois qu’insolence, mépris, injustice, incompétence, insouciance et violations des droits d’autrui avec une légèreté déconcertante.

Des marchés improvisés ont poussé un peu partout.

Des gens qui s’amassent devant une délégation d’APC d’un secteur urbain oranais. Des mécontents de la dernière opération de relogement, qui comme les précédentes, elle était borgne et injuste. Des occupants avec droits et titres de propriété, se sont retrouvés tout bonnement écartés. Leurs édifices murés. Des femmes qui gueulent, d’autres évanouies et une imposante présence policière antiémeute faisait craindre. On calme, on bouscule légèrement pour rétablir de l’ordre et faire respecter la queue. Le problème n’était pas avec les forces des l’ordre, mais avec cette administration qui fait tout pour énerver, pour agacer les citoyens et qui les voit d’en haut. Et cela les jeunes policiers l’avaient bien compris.

Les APC, les daïras et jusqu’aux services de la wilaya d’Oran, tous sont hermétiques aux citoyens. Exception faite de ceux qui honorent leurs missions. La plupart des responsables se cantonnent dans leurs bureaux capitonnés avec une armada d’agents de sécurité qui font écran entre leurs Excellences et le bon peuple. Cette administration n’est accessible que pour ceux qui gueulent fort, qui menacent de couper les routes et brûler les pneus sur la ligne du tramway. C’est-à-dire ceux qui font apparaître leur misère, ceux-là font peur. Les autres, les gentilles, ceux qui cachent leur détresse en se montrant un peu propres, sont mal vus. Ceux-là, s’ils insistent pour voir un responsable pour réclamer un droit ou réparer une injustice, ils seront bousculés et jetés dehors manu militari. Ils se contentent d’envoyer des lettres de recours qui resteront de toute façon sans suite aucune. Aux meilleurs des cas, les cellules d’écoutes seront là pour absorber leur colère et leur faire vider leur boite d’amertume.

Les PPT d’Oran, "El Boshta", comme on dit chez nous. Le service laisse à désirer, on ne te répond qu’après avoir haussé le ton. Si tu trouves des récépissés d’envoi, ne demande pas alors des accusés de réception, tu ne les retrouvas pas si facilement. Ouvrir une boîte à lettres ou la garder est un exploit.

Les jeunes d’Oran se chamaillent et s’entre-tuent pour des clubs de foot espagnols. Ils se croient plus Espagnols qu’Algériens. D'ailleurs ils connaissent mieux les noms des joueurs de ces clubs que ceux de leurs maires, députés ou de leurs chefs daïras. Un désistement total, révélateur d’une grave crise État, citoyens.

À Oran, on n’a pas le temps à la culture, ni au raffinement. Tout le monde court, épris de quelque chose. Pris de court par la mal-vie du quotidien, ils trouvent curieusement le temps de vibrer au rythme du mauvais Rai. De jour comme de nuit, des "voitures discothèques" te déchirent les tympans par cette musique devenue hélas, celle la débauche et de la décadence. Un Rai sorti carrément des railles des convenances et de la bonne parole, celle héritée des "chioukh el melhoun", et auxquels il prétend se référer. Les cinémas, les théâtres sont délaissés, la culture à Oran, n’est que de beaux souvenirs! Non ! Oran telle qu’elle est pensée et telle qu’elle est vécue n’inspire plus hélas !

C'est une question qui m'a toujours intriguée. Pourquoi nous les Algériens, plus particulièrement ; distants à peine de 150 km des côtes européennes et avec toutes les richesses dont Dieu nous a dotés ; nous n'arrivons plus à vivre comme eux. Un Pays normal, occupé par des gens normaux et un État de droit, démocratique et politiquement équilibré, c'est tout ce que l'on demande. Voir la propriété de nos concitoyens respectée, nos villes propres et intelligemment gérées. Un pays qui est fait et pensé que pour le bien-être et le respect de ses citoyens, comme le sont la plupart des contrées européennes.

J’aurais aimé voyager aussi facilement qu'ils le font eux, savourer la vie et être heureux comme ils le sont. Sommes-nous condamnés à rester dans cet état d'indigénat moderne et d’inculture et de mal-vie. Ni citoyens à temps pleins ni indigènes explicitement déclarés. Une masse humaine confinée dans des frontières et dont les aspirations dépassent à peine, le digestif et le reproductif, pour perpétrer l’espèce de l'échec ou l’échec de l’espèce?

Pourquoi rêvons-nous d'eux, de leur mode de vie simple et organisé au point de risquer nos vies les exposer à tous les périls pour aller chez eux et vivre avec eux, quitte à leur quémander la subsistance? Pourquoi sentions-nous plus en sécurité avec eux qu'avec nos propres frères dans la patrie ou dans la foi ? Quel est donc le problème, il est où le hic ?

M. C.

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Commentaires (10) | Réagir ?

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lila laoubi

merci

wanissa

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chilmoune

Vous etes a un pas de l'europe et vous vous etonnez pourquoi on n'arrive pas a vivre comme eux dans la paix et le respect ? La reponse est simple Monsieur le nostalgique, c'est vrai vous etes a un pas de l'europe mais malheureusement vous etes a des milliards de km de leur ideologies et leur democratie ?

Par contre vous etes loin a des milliers de km des arabes mais vous etes a un milimetre de leur ideologie religieuse destructrice ? Quand chaque algerien se croira qu'il est tout simplement africain ou mediterraneen avant d'etre arabe ce jour la la ville ORAN et toutes les villes algeriennes seront propres ? thanmirth ?

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