Il serait futé de convoquer Cullioli ou Chaomsky, linguiste émérite, analystes du discours pour leur demander de comparer les qualificatifs accolés à l'Algérie, lors de la décennie rouge à ceux produits aujourd'hui, au lendemain de la qualification aux huitièmes de finale de cette coupe du monde. Nous aurions bien ri. Nous étions, à l'époque on nous assassinait par milliers, victimes ou criminels, des sauvages. Nous sommes depuis hier de beaux garçons, un gentil peuple, une mine de talents. Pourquoi pas?

A la fin du mondial, après la transe, une fois toutes les folies consommées, nous ferons les comptes. Peut-être, alors, nous rendrions-nous compte que le football n'aura rien changé à nos misérables vies.

Pour l'heure, ne faisons pas la fine bouche, dansons! Dansons avec tout ce que peuvent donner nos corps, laissons libre cours à notre joie si longtemps contenue.

La nuit d'hier a été longue ou courte, c'était selon l'endroit où chacun se trouvait. Moi, j'étais sous un énorme noyer, à proximité d'un néflier et d'un prunier. J'étais noyé de lavande et de romarin, j'étais seul. Préoccupation bassement matérielle, je n'avais pas Bein Sports. Pour solder mon angoisse naissante à l'approche de la rencontre Russie-Algérie, je me suis rabattu sur "Rojadirecta". J'ai pu finalement participer par Google interposé à la liesse algérienne.

Liesse à laquelle ne semble pas souscrire un journaliste, une star, qui écrit ses papiers que je pourrais amplement torcher sur du papier cul : le proéminent Pierre Menéz. Ce supposé professionnel, ancien grand reporter à l'Equipe, consultant multicartes, de presse et de banques tire des plans sur la comète. D'après lui, la France roulera allègrement sur le Nigéria et croisera le chemin des allemands, lesquels au passage auront écrasé l'Algérie. Si cela n'est pas du mépris, je donnerai ma peau à tanner. L'Algérie peut battre l'Allemagne. Le Nigéria peut battre la France. Le football n'est qu'un jeu. Les deux seuls pays africains qualifiés aux huitièmes de finale de ce mondial brésilien peuvent se retrouver confrontés l'un à l'autre en quart. L'Afrique, alors dansera, l'Afrique, alors jubilera, l'Afrique peut-être, le temps d'un match de football oubliera Ebola, le Sida, les jeunes filles encore et toujours enlevées par Boko Haram.

L'imam embarqué par l'Algérie dans ses valises serait bien inspiré de négocier avec les fous de Dieu qui occupent le nord du Nigéria. Si les collégiennes séquestrées par ses allumés du Bocal pouvaient être libérées ça ramènerait certainement un peu d'ordre dans les yeux des parents. C'est "plus mieux" qu'une coupe du monde.

La chasse est ouverte. Le terrain est libre. Que tous les faux-culs qui ont incendié HALILODZIC lèvent le doigt.

C'est un bon entraîneur. Il le sera toujours. Coach Vahid est une grande gueule. J'aime les grandes gueules.

Méziane OURAD