Le nouveau lexique chaoui-arabe, l’éloge de la transmission
La femme chaouie a toujours été la gardienne de la mémoire, la prêtresse des cultes anciens, à travers laquelle se transmettaient les traditions, les gestes du quotidien et les chants traditionnels, ce n’est guère donc étonnant de voir aujourd’hui une femme perpétuer cette veille tradition de transmission de la mémoire et du patrimoine culturel.
Khadidja Saâd a sorti il y a quelques mois un dictionnaire chaoui-arabe qui contient pas moins de six milles mots et qu’elle présente comme le fruit de dix années de travail et de recherche.
L’ouvrage Amawal Tachawit-Taârabth est un lexique de 246 pages, suivi d’une partie consacrée à l’étymologie et à la toponymie. Dans l’introduction, l’auteur native de T’kout (Batna) décrit la genèse de son projet ; "Tout à commencé à l’été 1997, j’avais un bloc-notes où je consignais les mots rares ou menacés de disparition, au fur et à mesure que les pages de mon bloc-notes augmentait j’ai pris conscience que tous ce patrimoine inestimable que nos ancêtre nous ont légué, doit être conservé et c’est à ce moment là que l’idée de ce lexique naquit".
Publier en tamazight dans l’Aurès, un parcours de combattant
Une fois son lexique achevé, commença alors ce que l’auteur désigne comme étant un clavaire, Khadidja Saâd a contacté le haut commissariat pour l’amazighité (HCA), cet organisme étatique censé faire la promotion de la culture amazighe avec toutes ses variantes s’avérera être un labyrinthe bureaucratique inextricable plutôt d’une institution de savoir, après une attente de trois ans pendant lesquels le manuscrit du lexique resta au fond d’un terroir poussiéreux, Khadidja Saâd excédée, se tourna vers les éditeurs privés et c’est en Kabylie qu’elle trouva enfin l’éditeur, Tira éditions éditera Amawal Tamazight-Taârabt qui connaitra un grand succès, du salon international du livre d’Alger jusqu’au manifestations du Yennar, l’auteur enchaine les séance de vent-dédicace, un baume au cœur après plusieurs années de souffrance et de rage impuissante .
Livre en tamazight dans l’Aurès, le parent pauvre de l’édition
Au contraire de la Kabylie, où il y a chaque années une multitude d’ouvrage en tamazight, dictionnaires, recueil de poèmes, romans, … etc. Le livre en tamazight dans les Aurès peine à prendre son essor, en plus de l’inexistence d’une politique de promotion du livres incarnée dans l’attitude méprisante du HCA, libraires et éditeurs boudent encore ce genre d’ouvrages. Les auteurs, généralement issu du mouvement du militantisme berbère, publient le plus souvent à compte d’auteur et distribuer gratuitement.
Avec l’engouement autour de ce livre qui s’est vendu à plusieurs centaines d’exemplaires, l’espoir est permis de voir cette langue renaître de ses cendres et retrouver la place qui lui sied, et comme le précise l’auteur sur la couverture de son livre ; "lorsque quelqu’un délaisse sa langue et sa culture, il aura tracé la voie inéluctable vers sa décente vers le néant, et aura signé l’attestation de son retrait de l’humanité".
Jugurtha Hanachi
Commentaires (6) | Réagir ?
merci bien pour les informations
oui